Le séisme de jeudi dernier continue de faire couler beaucoup d’encre. Même si les autorités continuent de rassurer la population, nombre de familles sinistrés expriment leur détresse. Dans notre reportage, nous donnons la parole aux uns et aux autres.
Pour rappel, une Secousse tellurique a eu lieu jeudi dernier à 01h04 minutes, sa magnitude est de 5.9 degrés sur l’échelle de Richter. Selon le CRAAG (Centre de Recherche en Astronomie Astrophysique et Géophysique situé à Bouzaréah, sur les hauteurs d’Alger), le séisme s’est produit à 28 km au Nord est de Cap Carbon dans la wilaya de Bgayet. Plusieurs répliques se sont aussi produites. Le tremblement de terre a été ressenti dans plusieurs wilayas. Même s’il n’y a pas eu de victimes humaines, à part une cinquantaine de blessés légers, plusieurs fissures importantes sont signalées, un peu partout dans la ville de Yemma Gouraya. Deux bâtisses inhabitées se sont même effondrées. Selon le directeur des affaires religieuses, 22 mosquées sont fermées temporairement, car des dégâts importants sont observés dans ces lieux de culte. Une vingtaine d’écoles sont aussi fermées pour les mêmes motifs. Même l’hôtel des finances a subi le même sort. Dès les premières minutes du séisme, les autorités locales se sont déplacées sur le terrain pour constater les détériorations et proposer des solutions.
Les autorités sur le terrain
En effet, des travaux de réfection seront lancés en urgence au niveau des établissements scolaires touchés par le séisme, et ce, après le diagnostic de l’Organisme de contrôle technique de la construction (CTC). Selon le directeur de l’éducation de la wilaya de Bejaia, des fissures causées par les secousses ont été recensées sur 23 établissements scolaires à travers la wilaya. La délégation ministérielle a inspecté le Lycée El Hamadia, dans la commune de Bejaïa, et a constaté l’ampleur des dégâts causés par le séisme. Le Ministre de l’Intérieur, des collectivités locales et de l’aménagement du territoire a souligné l’urgence de restaurer cet établissement. Le Wali a annoncé que plus de 100 ingénieurs du CTC sont en train de contrôler les différentes structures et bâtisses. Plus de 1000 édifices ont été déjà expertisées jusqu’à présent. Les travaux de rénovation seront effectués après cette expertise. D’après Yelles-Chaouche Abdekrim « Ces récents séismes enregistrés tout particulièrement au nord de l’Algérie sont en fait, un phénomène normal et qu’on ne peut pas prévoir avec précision quand un séisme aura lieu. Les répliques qui ont suivi la secousse entrent dans le cadre de l’activité sismique normale que connaît le nord du pays ».
La population attend dans la détresse
Malgré les assurances des autorités, la population est toujours dans la détresse, surtout les familles sinistrées. Nous avons rencontré plusieurs familles dans la haute ville de Béjaia. « Notre maison est très fissurée. Les murs peuvent tomber sur nous à n’importe quel moment. Ils doivent nous reloger au plus vite », estime Na Fatima, une habitante du plateau Amimoun. « Nos maisons sont très vulnérables. Nous sommes en danger de mort. Les pouvoirs publics doivent évacuer toutes les familles ayant des maisons fissurées gravement. Chaque instant perdu est un grand pas vers la catastrophe », enchaîne Mouloud, un résident d’une ancienne construction coloniale. Les tremblements de terre sont des catastrophes qui peuvent avoir de lourdes répercussions sur les vies humaines et les infrastructures. Ainsi, après le passage d’un tel phénomène, il n’est pas rare d’observer sur sa maison des fissures.
Pour éviter qu’elles ne s’aggravent allant jusqu’à l’effondrement des murs, il est conseillé de prendre très tôt les dispositions qu’il faut. Selon les architectes en bâtiment, les fissures structurelles sont les plus courantes après un tremblement de terre. Comme on peut le deviner facilement par leur nom, il s’agit des fissures qui attaquent la structure de la maison. On les reconnaît facilement, car elles apparaissent à l’extérieur des murs de la maison à différents endroits. Ce type de fissure peut constituer une véritable menace pour l’ensemble de la maison. Ces fissures favorisent l’infiltration de l’air et de l’eau. Sans attendre l’état de catastrophe naturelle, il est important de prendre certaines mesures conservatoires afin de limiter l’évolution des dégâts. La meilleure manière de déterminer les solutions envisageables est de demander un avis d’expert le plus tôt possible. Une réfection des locaux peut s’imposer. En attendant d’y procéder, il faut éviter de se mettre près des murs. Il est également important de dégager du mur tout ce qui serait important et fragile.
La prise charge psychologique, une urgence
Même si des cellules de crises ont vu le jour pour faire face aux conséquences du séisme, la prise en charge psychologique ne semble pas être prise au sérieux. Toute la population de Béjaia vit une vraie psychose. Les gens ont peur que le tremblement de terre se produise de nouveau. Les familles sinistrées et les personnes vulnérables psychiquement ont besoin d’une prise en charge mentale au plus vite. « Le plus important est d’expliquer aux gens que tout ce qu’ils ressentent maintenant (palpitations, troubles du sommeil, douleurs et contractures musculaires, angoisses, cauchemars, difficultés de concentration, maux de tête, colère, sentiment d’impuissance, les images du chaos qui reviennent en permanence à leur esprit et les difficultés qu’ils ont désormais à prendre une décision) sont des réactions complètement normales dans ce type de situation. Il faut leur faire comprendre qu’ils vont bien et leur apprendre à surmonter ces symptômes, comme, par exemple, apprendre à respirer pour stopper les palpitations cardiaques. Nous les aidons à se reconstruire, pour qu’ils passent du statut de victime à celui de survivant, puis à celui de créateur de vie », nous explique Salim Karkoubi, psychologue clinicien. «J’ai rencontré une vielle femme à Béjaia-ville, elle avait une blessure à la main. Elle hurlait de douleur à cause de son angoisse. Je l’ai orienté vers un service psychologique du CHU pour une meilleure prise en charge ». Selon les spécialistes de la santé mentale, il faut doubler les efforts pour rassurer la population. Non seulement dans les structures de santé, mais aussi dans les médias et à travers des sorties sur le terrain. En attendant que les victimes du séisme soient rassurées, la peur est palpable sur les visages de plusieurs personnes que nous avons vu sur le terrain. Espérant que leurs doléances soient concrétisées au plus vite. Avis aux autorités !