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Colloque international d’Alger sur l’Imam Mohamed Ben Abdelkrim Al Maghili

Un colloque international d’Alger sur  « l’Imam Mohamed Ben Abdelkrim Al Maghili : gouvernance, unité et stabilité  des sociétés africaines », a débuté hier, à Alger. Dans un message aux participants de cette rencontre, lu en son nom par le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, M. Youcef Belmehdi, le Président Tebboune a mis en exergue les qualités de l’Imam Al Maghili qui a inscrit « son nom dans l’histoire en tant qu’un des grands érudits au vu de ses éminentes contributions dans les domaines scientifiques, socioéconomiques et politiques, et dans la diffusion de la conscience durant le 15e siècle dans toute l’Afrique ». 

Né à Tlemcen vers la fin du 14e siècle, l’Imam El Maghili a étudié à Bejaia puis à Alger où il était le disciple de Aberrahmane El Thaalibi, qui l’a chargé de diffuser la « tarika El Kadiria » dans les pays du sud du Grand Maghreb. Après une grande tournée dans la région du Sahel, il est décédé en 1504 à Adrar et fut inhumé à la Zaouia Kounta, laissant un héritage de plus de 24 ouvrages.  

Ce qu’il faut retenir de la vie d’El Maghili c’est surtout sa guerre acharnée contre les Juifs de Touat et Tamentit. Villes prospères du Sahara du Maghreb central, ces villes, tout comme celles du Sahel (le Melli de l’époque, actuel Mali), Gao, Jennée et Tombouctou, riches en poudre d’or, elles tombaient entre les mains des juifs, lesquels faisaient et défaisaient les souverains et les princes de la région en manipulant le pouvoir de la finance. Et c’est à ce niveau que la parabole peut être intéressante si on étudie de la sorte le parcours d’El Maghili, ses alliances, ses combats et les hostilités qui lui ont barré le chemin, puis si on relie tout cela au temps présent.

L’intérêt également de constater que peu de choses ont changé dans le fond, même si dans la forme le monde ne s’est pas arrêté de changer. 

Donc, il y avait des régions riches, prospères, et qui attiraient les juifs de partout. Ibn Khadhadbah en fait un portrait saisissant dans ses « massalik wal Mamalik » (« Routes et Royaumes »).  Ces juifs itinérants y venaient, prenaient possession du pouvoir réel, celui de l’argent et des caravansérails, bâtissaient des synagogues et des petits royaumes, en communautés fermées, et devenaient de fait, les maîtres de l’horloge.

El Maghili s’était surtout soulevé contre ce pouvoir illimité des juifs au sein de la communauté musulmane, et s’est chargé de leur faire entendre la raison de la manière la plus puissante. Une guerre ne tarda pas à éclater. Beaucoup d’imams ne furent pas de son avis, et ont le parti de protéger les juifs. El Maghili alla demander aide et appui théologico-militaire au Maghreb El Aqsa, et là aussi, malgré quelques rares appuis, il a été mis en minorité et isolé. 

De guerre lasse, il partit prêcher la bonne parole chez les souverains Askia (dont le flamboyant royaume sera démembré par…le Maroc) et les mettre en garde contre la présence inquiétante des juifs dans la région maghrébo-sahélienne. Il devint grand conseiller de la dynastie des Askia, écrivit beaucoup d’opuscules politiques intéressants, et qu’il serait encore utile aujourd’hui de consulter. 

En son absence, son fils, laissé à Tamentit, est tué par les juifs. Abandonné par beaucoup de ceux qu’ils croyaient être des appuis, dont l’érudit El Asnouni, qui estimait que la communauté abrahamique était sous la responsabilité des musulmans, El Maghili finit sa vie difficilement au Touat.

Comme on peut le considérer sous ses quelques lignes succinctes, beaucoup de similitudes et beaucoup de ressemblances, tant en politique, en théologie, qu’en économie et en finances avec notre temps. D’où toute l’utilité de revisiter l’histoire des juifs dans la région maghrébine dans cet extraordinaire tournant historique des années 1492-1550.

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