Le dernier communiqué d’Amnesty International concernant le peu d’empressement de clôturer les enquêtes sur la mort tragique de 37 migrants à Melilla, renseigne sur une situation qui « sent le souffre ».
Les connivences et les complaisances entre Rabat et Madrid ne sont plus à dénoncer depuis le revirement spectaculaire du gouvernement Pedro Sanchez sur la question sahraouie. Maintenant, il s’agit d’observer pourquoi les choses « tournent en rond » quant il s’agit de pointer les coupables de la tragédie de Mélilla.
Selon Amnesty, « l’échec désastreux des autorités espagnoles et marocaines à dévoiler la vérité sur la mort d’au moins 37 personnes originaires d’Afrique subsaharienne et sur la disparition de 77 autres après les événements mortels survenus à la frontière de l’enclave espagnole de Melilla, ainsi qu’à garantir que justice leur soit rendue, « sent la dissimulation ».
Dans un rapport publié avant les six mois de la tragédie, intitulé « Ils l’ont frappé à la tête pour voir s’il était mort», Amnesty International livre des instantanés et des éléments attestant de crimes de droit international commis par le Maroc et l’Espagne à la frontière à Melilla.
Le rapport détaille les événements survenus lorsque des personnes migrantes et réfugiées d’Afrique subsaharienne ont tenté de traverser la frontière depuis le Maroc vers l’Espagne le 24 juin. Aucun des deux pays n’a mené d’enquêtes efficaces et transparentes pour établir la vérité sur les événements de cette journée. De manière répétée, les autorités marocaines ont empêché les familles et les organisations expertes de chercher les personnes disparues.
L’usage illégal de la force à Melilla laisse une tache indélébile, non seulement sur les mains des forces de sécurité marocaines et espagnoles, mais aussi sur celles de toutes les personnes qui défendent des politiques migratoires racistes, susceptibles d’engendrer des préjudices et des violences contre les personnes qui cherchent à franchir les frontières
«Les preuves s’accumulent au sujet de multiples violations graves des droits humains, notamment d’homicides illégaux et de mauvais traitements de personnes réfugiées et migrantes, en plus de l’absence d’informations, à ce jour, sur l’identité des personnes décédées et le sort des personnes disparues », a déclaré la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard.
« Cette situation sent la dissimulation et le racisme, en même temps qu’elle remue le couteau dans une plaie déjà douloureuse. Il est essentiel que les deux gouvernements fassent éclater la vérité et la justice au sujet des événements de cette journée, afin que rien de tel ne se reproduise à l’avenir ».
À partir de témoignages oculaires, de séquences vidéo et d’images satellite, le rapport dresse un tableau détaillé et terrible de ce qui est arrivé lorsque 2 000 personnes migrantes et réfugiées ont tenté de pénétrer à Melilla en traversant un poste-frontière appelé « Barrio chino ».