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Alger

Les archives algériennes en France toujours « sous écrou »

Dans son dernier entretien, livré au média français Le Figaro, le président algérien Abdelmadjid Tebboune, avait rappelé que le mémoriel demeure une des constantes de la politique étrangère de l’Algérie vis-à-vis de la France.

« Il est urgent d’ouvrir une nouvelle ère des relations bilatérales entre l’Algérie et la France. Plus de 60 ans après la guerre, il faut passer à autre chose. Si la mémoire fait partie de nos gènes communs, nous partageons aussi bon nombre d’intérêts fondamentaux, même si nos points de vue peuvent diverger », a affirmé le Président Tebboune dans un entretien accordé au quotidien français Le Figaro, annonçant à l’occasion qu’il se rendrait en France en 2023, en visite d’Etat.

Il a ainsi estimé que « la France doit se libérer de son complexe de colonisateur et l’Algérie, de son complexe de colonisé. L’Algérie est une puissance africaine qui ne ressemble plus du tout à ce qu’elle était en 1962 ».    

S’exprimant sur la question de la Mémoire et après avoir rappelé que la décision d’installer une Commission d’historiens de part et d’autre a été prise par lui et le Président français, il a affirmé qu' »une partie de la colonisation doit être dépolitisée et remise à l’histoire ».      

L’année 2023 sera-t-elle celle de la restitution des archives algériennes détenues par la France. Beaucoup d’experts de la question en doutent fort, tant cet écrou mis sur les archives semble dépasser le président français lui-même.

Pourtant, fraichement élu, à l’aube de son mandat présidentiel, le président français Emmanuel Macron prenait un engagement, de restituer les œuvres pillées à l’Afrique durant la colonisation, de même que les archives de la guerre d’Algérie.

« Le patrimoine Africain doit pouvoir être exposé en Afrique » et « je ne peux pas accepter qu’une large part du patrimoine culturel de plusieurs pays africains soit en France », avait-il déclaré.

Cinq ans plus tard, les processus de restitution font du surplace. Dommage. A l’heure du désengagement des Etats africains de l’influence française, Macron aurait gagné à repartir sur de bonnes bases avec les Africains.

Concernant l’Algérie, hormis les « polémiques » crânes restitués récemment, il reste le « gros morceau » : les archives de la guerre, cadenassées par l’Elysée.

Dans une tribune publiée par le quotidien « Le Monde », l’historien Marc André explique que par méconnaissance de la guerre d’Algérie et de la nature de ses archives, ces dernières sont trop souvent inaccessibles aux demandeurs. Emmanuel Macron s’était pourtant engagé à en faciliter la consultation.

Huit mois après l’annonce de l’ouverture à tous « des archives publiques produites dans le cadre d’affaires relatives à des faits commis en relation avec la guerre d’Algérie » (décret du 22 décembre 2021), le président de la République, Emmanuel Macron, affirmait le 25 août la nécessité de donner aux historiens « un accès complet aux archives de la guerre d’Algérie ».

Cette insistance témoigne de l’instrumentalisation politique de la question des archives de la guerre d’Algérie.

Car malgré l’intention réitérée d’« ouvrir », « simplifier » ou « faciliter » l’accès aux documents liés à cette guerre, en pratique cela reste difficile tant pour les familles que pour les historiens.

Entre les discours qui accompagnent l’action politique et les réalités du terrain, le décalage est tel que l’on se demande même si le décret dit de « dérogation générale » n’a pas été rédigé au croisement de deux méconnaissances : celle de la guerre d’Algérie et celle de ses archives.

De multiples contradictions surgissent, à l’origine de pratiques administratives restrictives aux conséquences sociales, scientifiques et politiques contre-productives.

Selon des historiens français, experts des documents d’archives, certaines pièces pourraient largement incriminer des officiels français encore en vie, ou peuvent incriminer l’Etat français, avec pièces d’époque à l’appui, dans des crimes contre l’humanité qui pourraient se traduire par des batailles judiciaires pour dédommager les victimes. Ce que l’Elysée n’est pas en mesure de supporter actuellement.

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