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Alger

Kamal Kheffache, enseignant universitaire et expert économique, donne les raisons de la hausse des prix

Un tour au marché donne le tournis pour les petites bourses. Les prix des produits de première nécessité ont connu une hausse considérable. Comment explique-vous cette situation ?

En effet, les prix des principaux produits vendus, alimentaires et non alimentaires, sont en augmentation par rapport aux années précédentes. Cette flambée des prix a réduit le pouvoir d’achat des ménages, notamment des ménages les plus vulnérables. Cette situation peut engendrer une baisse de la demande sur les marchés. Les grossistes et les détaillants seront amenés à réduire leurs marges bénéficiaires pour maintenir un certain niveau d’activité. Les facteurs fondamentaux sont liés à la flambée des prix des matières premières (blé, maïs, soja, …) et des légumes secs (lentilles, pois chiches, haricots, …) sur les marchés internationaux, et les restrictions de circulation en raison de la Covid‐ 19 qui ont entraîné des pénuries et un renchérissement des coûts de la logistique sur le marché national. Même les produits agricoles sont affectés par une hausse drastique. Il est de même pour les viandes blanches, ils ne sont pas épargnés par une majoration de prix, en raison de la hausse des cours de la tonne de maïs et du soja, qui sont les principaux aliments indispensables à leur élevage. Ajouté à cela, la grippe aviaire qui a affecté la volaille. Ce qui pourra inciter les éleveurs à cesser l’exercice de leurs activités. Enfin, il y a aussi un autre facteur induisant la hausse des prix des produits alimentaires, il s’agit du manque de précipitations que subit le pays en cette fin saison agricole coïncidant avec l’approche du mois sacré de Ramadan. Au vu de cette situation très sensible, les pouvoirs publics doivent mettre en place un dispositif d’assistance d’urgence aux ménages les plus touchés au cours des mois à venir, des mesures à moyen et long terme pour répondre aux défis socio‐économiques du pays.

Le ministre du Commerce justifie cette hausse vertigineuse des prix par l’augmentation des prix de certains produits sur le marché international. Es-ce l’unique raison ?

Plusieurs facteurs sont à l’origine de la hausse vertigineuse des prix des produits de première nécessité. Evidemment, il y’a le facteur lié à l’augmentation des prix des matières premières (blé, maïs, soja, …) sur les marchés internationaux, mais il y en a d’autres facteurs. On peut citer le facteur lié à la hausse des prix des coûts de la logistique (fret maritime et entreposage), celui lié à la chute (glissement) de la valeur du dinar.

Au moment où l’inflation bat tous les records, le ministre des Finances promet la consolidation de la valeur du dinar d’ici à la fin de l’année. Comment est-ce possible ?

Les prévisions pour la loi de finances pour 2021 projettent une perte de valeur de 5% chaque année jusqu’à 2023. Les cours de change du dinar algérien contre le dollar américain devraient atteindre 142,20 DA/dollar en 2021, 149,31 DA/dollar en 2022 et 156,78 DA/dollar en 2023. Il faut rappeler que la valeur du dinar algérien se base sur la stratégie des flottements des monnaies étrangères. Pour freiner la baisse de la valeur du Dinar, les autorités doivent adopter une stratégie permettant d’équilibrer en partie le déficit budgétaire et d’assurer une croissance économique afin de réduire la facture des importations et diversifier les exportations hors hydrocarbures.

A l’approche du mois du Ramadhan, le département de M Rezig promet la mise en place d’un système de contrôle des prix. Cela au moment où il a, à maintes reprises affirmé que les prix sont libres. N’est-ce pas là une contradiction ?

Nous sommes dans un contexte d’économie de marché, mis à part les produits subventionnés, les prix de tout le reste des produits obéiront à la loi de l’offre et de la demande. Les prix risquent de flamber à chaque fois que l’offre est inférieure à la demande, et à chaque fois que les cours mondiaux des matières premières augmentent. La solution réside dans la mise en place de dispositifs de contrôle et de régulation permettant de lutter contre les spéculations. Enfin, en ce qui concerne les produits agricoles et agro‐alimentaires, une stratégie de développement des secteurs concernés s’impose

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