Soixante trois ans après la réalisation au Sahara Algérien du premier test dénommé « gerboise bleu » de la première arme nucléaire de la France, les essais nucléaires français en Algérie, 17 au total entre souterrains et aériens, constituent toujours l’une des pierres d’achoppement qui empêchent l’inauguration d’une nouvelle ère, loin des passions et des tensions, dans les relations franco-algériennes.
Le classement par le parlement français des archives de ces essais dans la catégorie « incommunicable » est significatif de la volonté de la France à maintenir sous le voile et pour longtemps cet héritage colonial qui est pourtant l’un des enjeux majeurs du travail mémoriel mené conjointement entre les deux pays. A ce jour, selon des spécialistes de la question, les effets dramatiques des ces essais nucléaires, tant au plan sanitaire qu’environnemental, persistent toujours.
Les retombées de ces effets sont énormes. Des centaines de kilomètres de zones contaminées, des centaines de personnes, militaires et civils, vivant dans ces zones contaminées développent divers cancers, certains en sont morts sans que justice leur soit rendue. Ceux qui ont qualifié ces essais nucléaires que la France a toujours voulu faire passer pour « propres », de génocide en se référant au droit international humanitaire, n’ont pas tort.
La France est appelée à assumer pleinement ce dramatique « passé nucléaire ». Outre de permettre la déclassification des archives entourant ces essais, la France doit nettoyer les zones d’enfouissement des déchets radioactifs issus des explosions, décontaminer les zones touchées encours soumises à la radioactivité et indemniser les victimes de ces essais. Sinon, comment peut-on « réconcilier les mémoires », avec de telles questions en instance ? Comment ouvrir un nouveau chapitre dans les relations bilatérales quand la France ne veut même pas remettre à l’Algérie les cartes de localisation des déchets nucléaires ? Le travail de mémoire ne peut pas se faire avec des cachotteries et des faux –fuyants, mais avec vérité et esprit de responsabilité. Certes, la loi dite Morin adoptée en janvier 2010 permet l’obtention de réparation pour les victimes de ces essais nucléaires mais cette loi ne souffle mot sur les dégâts environnementaux de ces essais et de leur prise en charge.
La France s’est certes engagée à maintes reprises à restituer les archives liées à ces explosions nucléaires, à réhabiliter les sites ou se sont déroulés les essais, à indemniser les victimes….mais pour l’heure,hormis des discours , rien n’est concrètement fait dans ce sens. Ces engagements doivent impérativement être honorés au risque d’envenimer les rapports déjà tendus entre les deux pays.