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Pourquoi Bahija Simou devrait relire Lyautey, Ibn batouta et Douls

La nouvelle allégation marocaine à l’égard de l’Algérie ne passe pas. D’autant que ces déclarations de Bahija Simou n’ont pas la rigueur scientifique en soutien.

Il y a une semaine, cette bonne dame, Bahija Simou, désignée Gardienne en chef des archives royales au Maroc, avait déclaré, s’appuyant sur des archives  improbables, que « le Sahara oriental est marocain ».

Par le « Sahara oriental », c’est la région sud-ouest de l’Algérie que le Maroc désigne. En même temps qu’elle est une provocation, elle est également une atteinte publique et officielle à l’intégrité territoriale de l’Algérie.

  Invitée à participer au forum de la MAP, agence de presse officielle du Maroc, Bahija Simou a bifurqué vers des sentiers improbables d’où il lui sera difficile de s’extirper.

  « Il n’y a pas que les documents historiques attestant de la souveraineté du Maroc sur ce qui est appelé entre guillemets « le Sahara occidental » mais aussi sur « le Sahara oriental », a-t-elle indiqué dans ses propos repris par le site Ya Biladi.

  Une telle déclaration provient d’une partie officielle de l’État marocain. Bahija Simou dirige les Archives royales du royaume et c’est sous cette casquette qu’elle a tenu son propos extrêmement grave.

Comme il s’agit d’une bonne dame, d’âge respectable, et d’une directrice des Archives royales, nous allons l’honorer par un respect condescendant  qui sied à son rang, tout en la renvoyant à des cours d’histoire, tant pour le Sahara occidental que pour le Sahara oriental. Ce qui va éclairer d’un jour nouveau l’histoire clair-obscur du Maroc.

Nous avons sous les yeux dix livres, tous plus utiles pour notre propos les uns que les autres ; mais nous allons lui en mettre sous le nez trois. Qui lui seront, on l’espère, d’une utilité qui lui fera réviser ses leçons.

Nous ne citerons aucun historien algérien. Pour rester dans la neutralité et l’objectivité. Nous lui citerons trois auteurs : un Marocain, illustre écrivain-voyageur, célèbre dans le monde entier, et qui est Ibn Batouta ; et deux français : le premier, le Maréchal Hubert Lyautey, qui fut premier résident général du protectorat français au Maroc et auteur du livre « Vers le Maroc : lettres du Sud-Oranais, 1903-1906 » ; le second est l’historien Camille Douls, explorateur français du Sahara et de l’Afrique du Nord, un des premiers à explorer et à pénétrer (1887) dans le Sahara occidental à une époque où la région était fermée aux étrangers, a pu vivre parmi les populations maures (nomades Ouled Delim) et rapporter de précieuses informations, qui nous sont parvenu sous forme d’une relation de voyage titrée « Cinq mois chez les Maures nomades du Sahara occidental ».

A tout seigneur tout honneur, nous commencerons par le voyageur-explorateur Ibn Batouta, célèbre par son « Voyages ». Vers la fin de sa vie, le dernier voyage qu’il lui restait était celui qui devait le mener au Soudan occidental (Mali), en passant par le Sahara occidental, la Mauritanie, avant d’entrer au Mali. Avant de quitter le Maroc, Ibn Batouta dit s’être approvisionné pour le long voyage à partir du Sousse du sud, c’est-à-dire que c’était le point le plus au sud du royaume du Maroc à l’époque. Ce qui renvoie à un Sahara occidental qui n’était pas sous la coupe des mérinides marocains.

Pour faire bref, un quotidien ne permettant pas ce genre d’exercice de style, Lyautey a poussé vers le sud jusqu’à Khenifra, au centre du Maroc. Plus au sud était pour lui un désert inhospitalier et inhabité, donc peu intéressant militairement. Le Maroc du temps de Lyautey, comme au temps de Ibn Batouta ne dépassait pas le Sousse aqsa.

L’historien Camille Douls est plus explicite, et il serait utile de le consulter. Rapportons d’abord, qu’il s’agit d’un voyageur-explorateur français qui est mort et enterré en Algérie (tué par des guides Touaregs, qui ont nourri des soupçons sur sa véritable identité).

Dans sa relation de voyage, il parle toujours de Sahara occidental et distingue clairement les nomades sahraouis maures des Marocains. Clairement.

Pour le Sahara oriental, Il sera utile à Bahija Simou de consulter l’histoire du Maroc au temps du temps du sultan Ahmed al-Mansour, surnommé Ad-Dhahbî (« le doré » en arabe), pour avoir pillé les mines d’or du Mali, détruit l’empire songhaï et exterminé ses habitants.

Riche et puissant grâce à l’or du Mali, al-Mansour avait en grippe la Régence d’Alger, dont il craignait la puissance de feu, de laquelle il se plaignait tout le temps à la Porte-Sublime (Constantinople, siège de l’empire ottoman).

Un jour il attaqua à ce que Simou appelle le Sahara oriental, pour piller le Touat, Adrar et Ouargla, avant de prendre la fuite à l’arrivée des soldats de la Régence d’Alger. Il ne l’aurait certainement pas fait s’il cet espace était sous son commandement, n’est-ce pas ? Nous sommes aux alentours de 1575-1585. Il était 6e sultan de la dynastie saadienne.

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