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Alger

L’OPEP et l’OPEP+ reprennent le contrôle du marché pétrolier

Il y a quelques jours, l’Algérie annonçait qu’elle réduirait volontairement sa production de pétrole de 48 000 barils par jour, de mai prochain jusqu’à fin 2023, en coordination avec certains des pays de l’OPEP+.

Selon Alger, cette réduction volontaire est une mesure de précaution qui s’ajoute à la réduction de production convenue lors de la trente-troisième réunion ministérielle de l’OPEP+ le 5 octobre 2022.

L’Algérie s’est imbriquée dans un ensemble désormais pesant, celui du cartel des producteurs, pour faire baisser la production. Quels en sont les objectifs et quel en est le coût pour les autres ?

D’abord, il faut comprendre ceci : le choc des réductions de la production de pétrole à partir du mois de mai présenté par l’OPEP+ signifie essentiellement que huit pays clés de l’OPEP ont décidé de s’allier à la Russie pour réduire la production de pétrole, ce qui signifie que l’OPEP et l’OPEP+ reprennent le contrôle du marché pétrolier.

Ce qui ressort de la décision de l’OPEP+, c’est que la décision de la Russie de réduire sa production de pétrole d’ici la fin de l’année a été unanimement suivie par les principaux producteurs arabes, parce qu’elle semble bien la plus juste. C’est ce qu’a fait l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Koweït, l’Irak, l’Algérie, Oman et le Kazakhstan, tandis que la Russie a confirmé son intention de prolonger jusqu’à la fin de l’année sa propre réduction de production de 500 000 barils par jour, entamée en mars.

Si l’on ajoute à cela les ajustements de production déjà décidés précédemment par l’OPEP+, le total des ajustements volontaires de production supplémentaires atteint le chiffre impressionnant de 1,6 million de barils par jour.

Cela veut dire clairement que cette baisse drastique aura des conséquences sur le marché pétrolier, principal moteur de la croissance mondial et manne financière colossal pour les pays producteurs.

Comment en est-on arrivé là ? Ambassadeur à la retraite, chroniqueur réputé dans les journaux indiens « Hindu » et « Deccan Herald », M. K. Bhadrakumar affirme que, fondamentalement, comme de nombreux analystes l’avaient prévu, les sanctions occidentales contre le pétrole russe ont créé des distorsions et des anomalies sur le marché pétrolier et ont perturbé le délicat écosystème de l’offre et de la demande, ce qui a été aggravé par la décision incroyablement risquée du G7, à la demande du Trésor des États-Unis, d’imposer un plafonnement des prix sur les ventes de pétrole de la Russie à l’étranger.

En outre, estime Bhadrakumar, les mesures provocatrices prises par l’administration Biden pour libérer régulièrement du pétrole de la réserve stratégique des États-Unis dans le but de microgérer les prix du pétrole et de les maintenir à un niveau anormalement bas dans l’intérêt du consommateur américain et pour contenir les pressions inflationnistes se sont révélées être un affront pour les pays producteurs de pétrole dont les économies dépendent de manière critique des revenus provenant des exportations de pétrole.

Dans cette perspective où chacun joue ses cartes et protège les intérêts de son pays, l’OPEP+ qualifie les réductions de production de mesure de précaution visant à soutenir la stabilité du marché pétrolier. 

En aval de la décision de l’OPEP+, les analystes s’attendent à ce que les prix du pétrole augmentent à court terme et à ce que la pression sur les banques centrales occidentales s’accroisse en raison d’une éventuelle flambée de l’inflation.

Pour l’analyste indien, en partie du moins, la crise bancaire aux États-Unis et en Europe a poussé l’OPEP+ à intervenir. Bien que Washington le minimise, en mars, les prix du pétrole Brent sont tombés à 70 dollars le baril pour la première fois depuis 2021, suite à la faillite de plusieurs banques aux États-Unis et à la mort imminente du Crédit suisse, l’une des plus grandes banques de Suisse. Ces événements ont suscité des inquiétudes quant à la stabilité du système bancaire occidental et la crainte d’une récession qui affecterait la demande de pétrole.

Malgré ses prises de paroles souvent violentes, l’administration Biden ne dispose que d’un éventail limité d’options pour répondre à la décision surprise de l’OPEP+. Pour Washington, la guerre en Ukraine risque d’être préjudiciable, à tous points de vue.

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