Le manque de pluviométrie durant ce mois d’avril pourrait perturber l’année agricole en cours, notamment pour certaines cultures annuelles stratégiques comme celle des céréales, s’inquiète, ce mercredi matin, Brahim Mouhouche, professeur à l’Ecole nationale supérieure d’Agronomie. Il appelle à rationaliser l’utilisation de l’eau dans le secteur de l’agriculture, qui consomme 70% de la ressource hydrique disponible.
« La météo avait annoncé de la pluie pour ce mois d’avril mais malheureusement, l’anticyclone des açores ne nous est pas favorable », explique le Pr Brahim Mouhouche, dans l’Invité de la rédaction de la Chaine 3 de la Radio Algérienne. Il s’inquiète de l’impact négatif de la sécheresse sur les cultures annuelles, notamment celle des céréales.
C’est pourquoi, il souligne l’urgence de mettre en place « des techniques modernes d’utilisation de l’eau dans le secteur agricole national, qui consomme jusqu’à 70% de la ressource, contre 15% à 20% pour l’industrie et seulement 3% pour les ménages ».
Pour économiser l’eau dans l’agriculture, l’expert recommande de « passer à l’irrigation intelligente et automatisée, pour ne donner aux cultures que ce dont elles ont besoin, au moment opportun ».
L’expert conseille également d’intégrer une vision économique dans le choix des cultures en favorisant l’usage de l’eau pour les productions agricoles rentables. Il cite l’exemple des céréales, « une culture très gourmande en eau mais très peu rentable, qu’il faut orienter vers le Sud du pays, où une importante ressource hydrique est disponible [Ndlr la nappe de l’Albien] », explique-t-il. Mais là encore, il met en garde : « l’utilisation de cette ressource non renouvelable doit obéir à des règles strictes, y compris pour la gestion de la salinité de cette eau qui peut altérer la terre et la rendre stérile ».
La situation climatique n’est pas appelée à s’améliorer puisque la tendance est planétaire, alerte l’expert. Le spécialiste se dit même « surpris » par une telle sécheresse, et cela au niveau mondial. « La ressource hydrique devient une arme » dans la géopolitique, constate Brahim Mouhouche. Il s’inquiète sur la sécurité alimentaire pour de nombreux pays dépendants des importations des produits agricoles de première nécessité : « on le voit avec le conflit entre la Russie et l’Ukraine, maintenant on fait de la politique avec des produits vitaux pour certains pays qui ne se suffisent pas à eux-mêmes », s’indigne le Pr Brahim Mouhouche