Le manque d’eau se fait de plus en plus sentir sur la production céréalière en Algérie, comme dans beaucoup d’autres pays qui subissent de plein fouet les effets du changement climatique et donc du stress hydrique.
Le président de la Chambre nationale d’agriculture, Mohamed Yazid Hambli, cité dans les colonnes d’Horizons, qualifie la «situation de délicate», mais de pas de «totalement perdue». Selon lui, l’arrivée de la pluie peut changer complètement la donne et sauver la récolte.
«La saison agricole n’est pas encore compromise. Nous avons toujours une marge. Nous espérons qu’il pleuvra prochainement. La pluie au mois d’avril garantit de bonnes récoltes», explique-t-il, non sans faire remarquer que la sécheresse est devenue une menace planétaire.
Pour prévenir ce genre de situation, le responsable plaide pour la mobilisation urgente des eaux non conventionnelles comme le dessalement de l’eau de mer et la réutilisation des eaux usées traitées. «Nous devons impérativement trouver des solutions. La baisse des ressources en eau est une véritable menace pour la sécurité alimentaire», met-il en garde.
Pour sa part, le secrétaire national à l’union nationale des paysans algériens (UNPA), Slimane Draibine, évoque une «situation inquiétante», notamment dans certaines régions, telles que Sétif, une partie de Khenchela, Tébessa, Oum El Bouaghi et Bordj Bou Arréridj.
Se voulant rassurant, il soutient qu’en cas de chutes de pluie, rien ne sera perdu. Il révèle au passage que le Nord-Constantinois, Skikda, Annaba et El Tarf ne sont pas touchés et l’on prévoit dans ces régions une bonne production. «Tout comme d’ailleurs du côté de Souk Ahras et M’sila. A cela s’ajoutent les moissons généreuses pour les producteurs qui ont entamé l’irrigation complémentaire», poursuit-il.
Selon lui, il faudrait développer des graines qui résistent mieux à la sécheresse et qui soient productives. Tout comme il recommande l’implication de l’Université dans le développement des techniques innovantes.
Selon lui, l’Etat doit mobiliser les ressources en eau par la réalisation d’ouvrages de stockage (barrages, retenues collinaires). Il mise aussi sur la préparation de grands projets de transfert des eaux du Sud vers les régions du Nord, la valorisation des eaux usées épurées.
Le responsable invite également les grands producteurs à investir dans le sud où la disponibilité des eaux souterraines ne fait pas défaut. Son autre proposition est l’accompagnement des agriculteurs par l’Etat, particulièrement en matière d’acquisition de grandes machines agricoles modernes, tracteurs et moissonneuses-batteuses.
Pour ce qui est du niveau de la production, Slimane Draibine prévoit un recul de 10% par rapport à celle de l’année dernière, estimée à plus de 40 millions de quintaux.
«Le gouvernement doit mettre les moyens pour transformer l’agriculture pluviale en irrigation à travers des installations de collecte d’eau et aider les agriculteurs engagés dans la réalisation des petites retenues collinaires», renchérit-il, avant de rappeler que «la filière céréalière est stratégique et mérite de l’intérêt».