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Alger

Agitation dans la triple région maghrébo-saharo-sahélienne

Le Maghreb connaît une brusque agitation. Comme si la présence des Israéliens aux portes ouest de l’Algérie ne suffisait pas, il y a aujourd’hui un frémissement politique en Tunisie qu’il faudrait surveiller comme le lait sur le feu.

Avec l’arrestation du chef du parti islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi, à son domicile, puis la fermeture des bureaux de son parti, les choses se précipitent en Tunisie, qui, curieusement, connait certains similaires avec la situation en Algérie, en 1991.

Les mises en garde d’Ennahda, qui dénonce ce développement extrêmement grave et appelle à la libération immédiate de Rached Ghannouchi, sont à prendre au sérieux, d’autant que le parti possède encore une base militante exaltée.

Au Mali, nous le disions dans un précédent article, la médiation internationale, menée par Alger, est dans une course contre la montre pour exorciser les démons de la rébellion au Nord-Mali. 

Assimi Goita, qui semble avoir installé son autorité à Bamako, ne doit aucunement sous-estimer la Confédération des Mouvements de l’Azawad, qui peut à tout moment basculer dans une nouvelle rébellion, avec cette fois-ci, la possibilité des groupes armés, terroristes ou politiques, entrer en lice.

Donc, Alger s’active sur ce dossier pour éviter aux populations du nord une escalade de la violence.

La Médiation internationale a tenu, le 13 mars, une réunion virtuelle sous la présidence de l’Ambassadeur algérien Boudjema Delmi, président du Comité de Suivi de l’Accord, et la Médiation internationale a émis le souhait d’être reçue, en temps utile, par le Président de la Transition. 

A Koulouba, la médiation veut rendre compte des consultations « tenues séparément avec les parties maliennes tant à Bamako, Kidal, et en Algérie. Aussi, la Médiation veut avoir l’avis du président de la transition sur la marche à suivre.

En Libye, c’est « ni guerre ni paix », mais avec toujours un épouvantail nommé Haftar, et qui peut faire basculer tout le pays dans le chaos à la première occasion. 

Mais c’est, aujourd’hui, surtout le Tchad qui donne les plus vives inquiétudes à l’Algérie. 

Le président de la République, président en exercice du Sommet arabe, Abdelmadjid Tebboune, a adressé, il y a deux jours, des messages au Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, au Président en exercice de l’Union africaine, président de la République des Comores, Osmani Ghazali,  et au secrétaire exécutif de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), au titre d’une démarche commune et unifiée pour faire cesser les combats au Soudan.

L’initiative du président de la République intervient dans le contexte de la dégradation accélérée de la situation au Soudan, sur fonds de poursuite des affrontements armés entre l’Armée soudanaise et les Forces de soutien rapide.

Mais que se passe-t-il exactement au Soudan ?

Depuis samedi 15 avril, de violents affrontements touchent ce pays d’Afrique de l’Est, qui traverse une délicate transition depuis la chute, en 2019, de Omar el-Béchir. En trois jours, près de 200 civils ont été tués dans les combats qui touchent notamment la capitale, Khartoum, et qui opposent deux puissants généraux à la tête du pays. 

Le conflit couvait depuis des semaines au Soudan entre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane – dirigeant de facto du pays – et la puissante force paramilitaire du général Mohamed Hamdane Daglo, dit « Hemedti ». Les deux hommes – qui ont tous deux servi sous l’ancien dictateur Omar el-Béchir – avaient évincé ensemble les civils du pouvoir lors du putsch d’octobre 2021 avant de retourner leurs armes l’un contre l’autre. 

Depuis samedi, les combats à l’arme lourde n’ont pas cessé et se déroulent principalement dans la capitale Khartoum et au Darfour, dans l’ouest du pays. L’armée de l’air vise régulièrement – même en plein Khartoum – les QG des Forces de soutien rapide (FSR) d’Hemedti.

Les paramilitaires se disent ainsi inflexibles. Ils « ne s’arrêteront pas avant d’avoir pris le contrôle de l’ensemble des bases militaires », a menacé dimanche sur la chaîne al-Jazeera le commandant Hemedti. Le général Burhane, lui, a assuré par communiqué avoir été « surpris à neuf heures du matin » par une attaque de son QG par les FSR, que l’armée qualifie désormais de « milice soutenue par l’étranger ». L’armée a même publié sur sa page Facebook un « avis de recherche » contre Hemedti. 

Sur le terrain, la situation est confuse. L’armée a assuré que les forces d’Hemedti avaient été dissoutes, appelant les paramilitaires à se rendre, mais les FSR ont annoncé avoir pris l’aéroport et le palais présidentiel. Deux affirmations démenties par les forces d’Abdel Fattah al-Burhane. 

Telle est la situation d’ensemble qui se présente. Les faits semblent distants les uns des autres, mais il serait parfois utile de les lier pour y trouver des enchevêtrements.

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