Le Sommet de Riyad peut être considéré, pour plusieurs motifs, comme celui de la réunification des rangs arabes et de la projection vers un monde en devenir. Intervenant dans un contexte très spécial, qui ne s’est certainement jamais offert de la sorte à la nation arabe, il permet d’entrevoir les espoirs les plus légitimes.
Pour la première fois, les divergences arabes sont mises au placard, car le Sommet s’ouvre après une série d’événements d’une importance capitale : rapprochement historique Arabie Saoudite-Iran, trêve saoudo-yéménite, retour de la Syrie dans le giron arabe et émancipation des tutelles occidentales. Ne perdez pas de vue que le cartel Opep + a été un désaveu total aux Etats Unis et un alignement sur une voie médiane qui peut représenter l’alternative efficace et crédible aux jeux de stratégies des puissances.
Les réunions préparatoires du sommet arabe, dans sa 32e session ordinaire, ont commencé hier, au niveau des ministres et des délégués dans la ville de Djeddah, pour discuter des questions les plus importantes que les dirigeants aborderont lors de leur réunion prévue le vendredi 19 mai , dans la capitale saoudienne, Riyad.
Dans le chapitre « coulisses », on peut énumérer la présence, dès ce matin, du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbès, qui devrait être à Ryadh pour prendre part au Sommet et prononcer un discours important après celui prononcé à l’ONU à l’occasion de la commémoration de la Nakba. Autre indice optimiste à prendre en ligne de compte, la présence hier, de la délégation syrienne dans les travaux des réunions préparatoires des ministres délégués et autres plénipotentiaires. Cela confirme peut-être la présence du président Bachar al-Assad, d’ailleurs invité officiellement par MBS.
L’invitation du président syrien a été confirmée hier, par une nouvelle invitation, faite cette fois-ci par le roi Salmane.
Il est fort attendu d’ailleurs que le Premier ministre libanais par intérim, Najib Mikati, rencontre Bachar al-Assad pour discuter de plusieurs dossiers, dont principalement celui des « réfugiés ».
Au chapitre des « réglages » algéro-saoudiens et algéro-égyptiens, notons l’entrevue du ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, avec son homologue de la République arabe d’Egypte, Sameh Choukri, après avoir longuement discuté avec ses pairs saoudiens.
Avec Choukri, il a été question des principaux points inscrits à l’ordre du jour des réunions ministérielles préparatoires au Sommet arabe de Djeddah.
De même, faut-il considérer que l’invitation faite par le roi de l’Arabie Saoudite, Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, au président algérien, Abdelmadjid Tebboune, aura été un indice sur la « maturité » de ce Sommet, les petits calculs ayant été mis, dans une certaine mesure, de côté.
Dans le chapitre « absents », il y a lieu de noter celle, annoncée hier, le sultan Haythame d’Oman, qui a déjà délégué Saad bin Tarek Al Saïd pour le représenter.
Pour le roi du Maroc, on entretient toujours l’indécision du côté de Rabat. Cependant, l’analyste et politologue Hussein Ourid, réputé proche du palais royal, affirme qu’il y sera, parce que le « Sommet intervient dans un contexte de monde changeant ». D’autres estiment qu’au contraire, il pourrait faire défection au vu des critiques qu’il pourrait essuyé concernant sa position polémique vis-à-vis de l’Iran et de la Palestine dans les moments pénibles que les deux pays ont traversé.
Les dossiers soudanais et yéménite devraient également jouir de toute l’attention des congressistes. Si des déléguées des deux belligérants du conflit au Soudan sont déjà à Riyad depuis dix jours, en discussions fermées, sous l’égide saoudienne et américaine, pour le conflit au Yémen, l’Arabie Saoudite mise sur un pacte avec les Houthis pour dépasser les tensions actuelles.
Sur le papier, tout cela sent l’optimisme, mais au cours des plénières, tout peut arriver, l’enfer restant pavé de bonnes intentions…
