Entre Alger et Moscou, c’est près de soixante‐dix ans d’amitié rarement prise en défaut. Cette relation si particulière a commencé très tôt, durant la guerre d’Indépendance. Le 26 juin 1956, la délégation de l’Union soviétique a soutenu l’inscription de la question algérienne à l’ordre du jour du Conseil de sécurité. Seuls deux États à l’époque, l’Union soviétique et l’Iran, ont voté pour.
En novembre 1960, l’URSS fait venir des bateaux sanitaires en Algérie pour prendre en charge les blessés des mines de la ligne Morice ; le 7 octobre 1960, à New York, la Russie annonce reconnaître de facto le GPRA, et en octobre 1962, le premier ambassadeur d’URSS à Alger est nommé.
À l’indépendance de l’Algérie, l’Union soviétique a commencé à coopérer avec l’Algérie dans le domaine militaire, et le 29 octobre 1962, arrivent
en Algérie cinq hélicoptères soviétiques. La formation des élites militaires algériennes a commencé et se poursuit à nos jours.
Au plan économique, la coopération dans le marché du gaz et du pétrole a été ample et les deux pays sont membres du Forum des pays exportateurs de gaz.
Sonatrach a procédé, en 2006 à Moscou, à la signature avec la société pétrolière russe Lukoil, d’un protocole d’accord portant sur la coopération bilatérale dans les hydrocarbures et Gazprom a également été intéressée par un rapprochement avec l’Algérie dans ce secteur, avec, notamment, l’arrivée de représentants de Gazprom en Algérie en mai 2006 pour discuter des possibilités de coopération dans le domaine du gaz naturel liquéfié.
Le volume des échanges commerciaux entre les deux pays a atteint 3 milliards USD en 2022 et il existe encore des opportunités pour parvenir à de plus larges perspectives.
L’encouragement de Moscou pour appuyer Alger à s’engager dans les BRICS est un autre volet de cette amitié multi‐usages.
Au plan militaire, la Russie est le principal fournisseur d’armes pour l’Algérie. En 2018, 66 % de toutes les importations d’armes à destination de l’Algérie provenaient de la Fédération de Russie.
Mais c’est surtout le « Pacte stratégique » qui lie les deux pays qui reste le plus intéressant. En mai 2022, l’Algérie et la Russie renforcent le Pacte stratégique signé en 2001, et le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, pouvait alors affirmer, à l’occasion de la célébration du 60 e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques algéro‐russes, coïncidant également avec le 60 e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, que la signature « d’un nouveau document » servira de base aux relations bilatérales.
Il s’agissait, en fait, de la Déclaration de Coopération stratégique, signée entre les deux pays en 2001 et réitérée en 2022. Les deux parties pouvaient également affirmer publiquement, fin 2022, que les relations entre l’Algérie et la Russie ont atteint le niveau d’un « partenariat stratégique approfondi ».