Les émeutes qui ravagent la France depuis quatre jours sont autant de questions posées à l’Etat français, à Marianne, à la 5 e République, aux principes de 1789 et au président actuel, Emmanuel Macron, puisque, en vertu des pouvoirs qui lui sont conférés, c’est lui qui est garant de la pérennité de l’Etat de droit.
Pour le moment, l’Etat français n’a donné aucun signe d’apaisement ni de main tendue. Aux émeutes répondent les répressions, les interpellations et les condamnations.
Est‐ce suffisant ? Non. Est‐ce légitime ? Est‐ce approprié ? Il y a un problème de fond qui agite la France, celui de l’intégration, des disparités sociales et des injustices. Le fait a été signalé par les médias français depuis de longues années.
Un Maghrébin et un Noir n’ont pas les mêmes facilitations d’accès à un prêt bancaire par exemple qu’un Français de souche. Le «sale boulot» est souvent pris en charge par le Maghrébin et le Noir, comme le souligne le rapport établi par les services de l’Etat français lui‐même. Eboueur, marteau‐piqueur, maçon, manœuvre, charpentier, coffreur, balayeur, goudronneur et autres métiers dits «à risque», sont assurés pourtant par l’immigration, à laquelle on refuse encore le regroupement familial, la carte de séjour et le salaire décent.
Cette France doit ajuster sa politique au niveau de son statut de pays des droits de l’homme. Et c’est cette urgence même qui se traduit aujourd’hui par les émeutes, la mort de Nahel n’étant que la goutte qui a fait déborder le vase, qui a exacerbé les tensions et exorcisé les vieux démons.
Après la mort par balle, le 27 juin, du jeune Nahel, tué par un policier lors d’un contrôle routier, l’Algérie a parlé de “choc” et de “consternation” et rappelé le “devoir de protection” de la France.
L’Algérie a “appris avec choc et consternation la disparition brutale et tragique du jeune Nahel et des circonstances particulièrement troublantes et préoccupantes dans lesquelles elle est intervenue”, disait le communiqué du ministère des Affaires étrangères. Dans ce communiqué, Alger réagit ainsi officiellement à la mort de Nahel, ce jeune Français de 17 ans d’origine algérienne, tué le 27 juin par un policier lors d’un contrôle routier dans le quartier Pablo‐Picasso de Nanterre.
Si les autorités algériennes affirment faire “confiance” au gouvernement français pour “assumer pleinement son devoir de protection, soucieux de la quiétude et de la sécurité dont doivent bénéficier [leurs] ressortissants sur leur terre d’accueil”, elles précisent toutefois “suivre avec une très grande attention” les développements de cette affaire tragique, avec le “souci constant d’être aux côtés des membres de [leur] communauté nationale au moment de l’adversité et de l’épreuve”.
Hier, en fin d’après‐midi, Macron avait réuni Borne et ses ministres pour un nouveau point de situation. On suivra l’évolution de la crise en France, mais également le développement de l’action sociale qu’entreprendra l’Etat.