Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, a accordé, en marge de sa visite effectuée, la semaine dernière, aux Etats‐Unis, un entretien au journal américain « Washington Post », publié hier.
Attaf s’est exprimé sur la crise au Niger, la situation au Sahel et sur les relations algéro‐américaines. Il a souligné : «Je ne vois aucun exemple d’intervention militaire dans des cas comme celui‐ci qui ait réussi. Personne n’est sûr, même au sein de la CEDEAO, que l’intervention militaire ait une chance raisonnable de succès».
Le chef de la diplomatie algérienne a mis l’accent sur les risques éventuels d’une intervention militaire au Niger sur toute la région. Il le dit en ces termes : «Personnellement, et c’est le cas de beaucoup en Algérie, je ne vois aucun exemple d’intervention militaire dans des cas comme celui‐ci qui ait réussi».
Attaf a cité l’exemple libyen : «Une catastrophe pour toute la région, nous en payons le prix». «Ceux qui ont mené l’intervention étrangère ont quitté le pays (la Libye, NDLR). Et ils nous ont laissés avec cette tragédie, avec cette crise sur les bras», a‐t‐il encore ajouté.
Le ministre a tenu, toutefois, à préciser que «même si la CEDEAO l’envisage, l’intervention militaire est une option de dernier recours», puisqu’«elle continue d’accorder la priorité à une solution politique et diplomatique et elle travaille sur cette base». «Ceci d’autant, a‐t‐il enchaîné, que «personne n’est sûr, même au sein de la CEDEAO, que l’intervention militaire ait une chance raisonnable de succès». «Vous pouvez déclencher une intervention militaire, mais vous ne savez jamais comment elle se terminera. Ils sont donc très prudents. Ils font preuve d’un maximum de retenue face à cette option, et ils ont raison de le faire», a déclaré à cet effet Attaf.
Le ministre des Affaires étrangères a, en outre, réaffirmé la position de l’Algérie par rapport à cette crise du Niger. Une position, a‐t‐il soutenu, partagée avec les Etats‐Unis. Il est question donc du «respect de l’ordre constitutionnel et démocratique», du «rétablissement du Président Bazoum en tant que Président légitime du Niger» et que «la priorité soit toujours accordée au règlement de la crise».
Trois principes sur lesquels s’accordent «l’Algérie et les USA», a‐t‐il précisé, en ajoutant que les deux parties devront «essayer de travailler ensemble pour traduire ces principes à la réalité politique au Niger». Ce qui est, selon lui, «l’objet des consultations», algéro‐américaines.
Pour ce qui est de la situation sécuritaire, dans la région du Sahel, d’une manière générale, et le Niger en particulier, le ministre des Affaires étrangères a estimé qu’elle était «très grave au Niger», même «avant le coup d’État».
Le ministre a évoqué la région appelée communément la «zone des trois frontières «, où il y a une «concentration» des groupes terroristes, qui sont passés à une «étape supérieure» en matière «d’équipements et d’effectifs».
«Nous avons vraiment affaire dans la région à des armées de terroristes qui menacent directement le Burkina Faso, le Mali, certaines régions du Tchad et le Niger. Et les Américains sont arrivés à la même conclusion : que la situation est très grave et qu’elle nécessite une forte coordination ou une coopération étroite entre les pays de la zone pour relever ce défi», a‐t‐il ajouté.
Par rapport à la problématique de la migration, Ahmed Attaf a estimé que ce n’était pas seulement une «question politique» qui peut être traitée «dans le cadre d’un accord international», lorsqu’il s’agit du Niger, Mali, Tchad et d’autres régions de l’Afrique de l’Ouest, mais «aussi un énorme enjeu économique».
«Ces populations quittent leur pays, leurs villages parce qu’ils sont à la recherche d’une vie meilleure, et pour certaines d’entre elles, pour nourrir leur famille. Il faut s’en occuper politiquement, diplomatiquement. Mais si l’aspect économique n’est pas pris en charge, vous ne règlerez pas le problème», a‐t‐il estimé.