Malgré les démonstrations de force et les menaces du bloc régional d’Afrique de l’Ouest, la CEDEAO, de recourir aux armes pour libérer et rétablir le président Mohamed Bazoum dans ses fonctions, l’option soft et diplomatique préconisée dès le début par l’Algérie est en passe d’être adoptée par tous.
Après la Russie, les Etats‐Unis et bien d’autres pays poids lourds, qui ont refusé l’option militaire défendue par la CEDEAO et appuyée par la France, l’Union africaine, en dépit des tensions et des difficultés à réconcilier les opinions, qui ont marqué les travaux de la réunion de son Conseil de paix et de sécurité tenu ce lundi à Addis‐Abeba, privilégie elle aussi l’option diplomatique. Une bonne nouvelle pour tout le continent !
Depuis le 26 juillet passé, date où des putschistes, organisés en Comité national pour la sauvegarde de la patrie, ont annoncé avoir pris le pouvoir et destitué le président élu Mohamed Bazoum, les avis divergent sur la manière à adopter pour régler le bourbier nigérien.
Si la CEDEAO, appuyée par la France, s’est empressée de lancer un ultimatum aux putschistes, l’Algérie et d’autres pays, sachant que le recours militaire au Niger ne fera que compliquer les choses et embraser toute la région déjà sous tension depuis des années, ont refusé catégoriquement tout recours aux armes et ont défendu la voie de la négociation et du dialogue pour rétablir la légalité au Niger.
Ainsi, l’option militaire s’éloigne de plus en plus pour laisser place à la voie diplomatique considérée par tous comme la moins coûteuse et la plus rentable. D’ailleurs, des signaux positifs ont été émis cette semaine par les putschistes. Ayant initialement décliné toutes les offres de dialogue et refusé l’entrée au Niger de toutes les équipes de médiation, ils annoncent présentement qu’ils sont disposés à dialoguer avec la CEDEAO.
C’est un petit pas, certes, d’autant que ce signal positif est adossé à d’autres signaux négatifs, mais c’est un pas qui peut déboucher sur un véritable processus pouvant remédier à la situation conflictuelle actuelle au Niger.
C’est pour jouer le chaud et le froid que les putschistes s’adonnent à ces signaux contradictoires. Tout en annonçant leur intention de poursuivre le président Mohamed Bazoum, pour « haute trahison » et atteinte à la sécurité de l’État, tout en rappelant l’ambassadeur nigérien de la Côte d’Ivoire, les putschistes manifestent leur disposition à discuter et à résoudre pacifiquement la crise dans la région.
Une façon de dire qu’ils ne céderont pas le pouvoir ! Soutenus par les gouvernements du Mali et du Burkina Faso, qui affirment qu’une intervention au Niger serait une « déclaration de guerre » à leurs deux pays, les militaires qui ont pris le pouvoir au Niger et qui mobilisent actuellement la population nigérienne à leur côté, usent de toutes les voies et de tous les moyens pour rester au pouvoir. Et cela semble leur réussir, car pour de nombreux analystes, le retour de Mohamed Bazoum au pouvoir est peu probable.
Retenu actuellement avec sa femme et son fils en résidence surveillée, son sort reste inconnu. Il en est de même pour les nombreux anciens ministres et autres dirigeants politiques, arrêtés dans le sillage du coup d’Etat. Mais le fait que la voie militaire de résolution de la crise au Niger est évacuée est une bonne nouvelle pour l’ensemble de la région du Sahara et du Sahel qui vit déjà sur une poudrière.
Le Niger est un pays qui regorge de richesses naturelles mais c’est une nation pauvre de 25 millions habitants, aux prises avec les djihadistes d’Al‐Qaïda et au groupe État islamique qui pullulent curieusement au Sahel. Il y a à n’en pas douter un plan pour maintenir l’ensemble de la région du Sahel dans une déstabilisation chronique et des conflits interminables. Donc, la vigilance s’impose !