Alors que l’Algérie a convaincu tous les Africains (hormis ceux qui souhaitent sous‐traiter la guerre) de l’inanité de l’opération militaire dans le cas du Niger, et que la Cedeao, à sa tête Bola Tinubu, réfléchit à une période de transition de trois, six ou neuf mois, selon le vœu des uns et des autres, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, partage la ligne pure et dure en jouant à un bras de fer dangereux pour tous les pays saharo-sahéliens.
Comme si la situation au Tchad ne suffisait pas, et comme si la prolifération des groupes armés (souvent attirés par la présence des Occidentaux, justement), la France travaille à une déflagration d’ampleur, qui pourrait surpasser celle dont elle s’est déjà rendue coupable onze ans auparavant, en Libye.
Le maintien de l’ambassadeur français à Niamey, Sylvain Itté, opère comme une mèche allumée près de mille barils de poudre. Le mélange risque d’être explosif.
D’ailleurs le Quai d’Orsay s’inquiète. Au ministère des Affaires étrangères, rapporte Marianne, dans son édition du 1 er septembre, le sentiment que son maintien en poste est «dangereux» voire «inutile» est de plus en plus répandu.
Si, sur le fond, les diplomates peuvent comprendre la position de l’Elysée, la «forme autoritaire ne passe pas».
Les propos belliqueux du président Macron et de la ministre Catherine Colonna ne trouvent pas crédit dans la diplomatie française. «La diplomatie va très rarement de pair avec une parole publique, qui plus est autoritaire et impérative. C’est dangereux, voire inutile», confie à Marianne une source diplomatique chevronnée.
Et un autre diplomate de préciser : «Pour trouver des solutions sur des sujets très sensibles, on essaie généralement d’être nuancé pour ne pas braquer le camp adverse».
Plus belliqueux encore, les paroles de Sébastien Lecornu, le ministre français des Armées, qui, dans un entretien livré au Figaro, revient sur les récents coups d’État en Afrique et sur le Niger : «Nous sommes en contact avec les autorités légitimes, c’est‐à‐dire avec le président Bazoum, qui est retenu en otage de manière scandaleuse.
Il n’est pas question de se plier à cette situation de fait, alors que si un président a une légitimité démocratique claire, c’est bien lui. Pourquoi avons‐nous des soldats dans ce pays? Nous ne dépensons pas l’argent du contribuable français pour des raisons symboliques ou par nostalgie, comme je l’entends parfois. Nous y sommes parce que, malheureusement, cette région du Sahel connaît depuis de nombreuses
années une activité terroriste importante».