Nouvelles voies commerciales pour contourner les sanctions occidentales, essor des régions dopées par le complexe militaro‐industriel, recul de celles qui commerçaient avec l’Europe : le conflit pèse sur l’économie russe et fait bouger les lignes.
En aval d’Astrakhan, la Volga, le plus grand fleuve d’Europe (3 530 kilomètres) débouche dans la Caspienne, la plus vaste mer fermée de la planète (371 000 km2 ). Dans son delta, l’immense voie d’eau se divise en centaines de canaux dans un paysage de dunes battues par les vents et de marécages constellés de fleurs de lotus – l’emblème de la région.
Pour circuler de la Volga à la Caspienne, les bateaux doivent emprunter un canal de 188 kilomètres, dont la navigabilité est menacée par l’ensablement et l’envasement : au cours des deux dernières années, sa profondeur a diminué de plus de quatre‐vingts centimètres, en raison de l’abaissement du niveau de la Caspienne.
Ce canal n’en constitue pas moins l’un des segments clés d’un immense projet, dont l’idée remonte aux années 2000, mais auquel la guerre en Ukraine redonne un élan puissant : le corridor de transport international nord‐sud (ITC). Une gigantesque artère commerciale «multimodale» (ferroviaire, maritime, etc.). Pendant qu’elle dort, l’Europe risque de se réveiller trop tard…