Dans une interview livrée à France‐Irak Actualités, Dominique Delawarde, général français à la retraite, décrypte les conséquences d’une guerre Hamas‐Israël qui risque de se diluer dans tous les côtés. Parlant du narratif des médias mainstream, il dénonce la partialité des médias occidentaux dominants, tous à genoux devant Israël, car « le fait de s’exprimer sans prendre de recul et blablater sans fin sur la base d’informations délivrées par les médias occidentaux, dont on connaît l’inculture et la partialité des narratifs sur le sujet, me paraît stérile, voire contre‐productif.
« Lorsque le 7 octobre 2023 survient l’attaque du Hamas contre Israël qui aurait fait, à ce jour, environ 3 000 morts (1 500 israéliens, 1 537 Palestiniens), tous ces événements importants énumérés précédemment disparaissent quasiment du traitement de l’actualité en France pour laisser 90% de l’espace éditorial au conflit israélo‐palestinien avec, pour seule ligne éditoriale autorisée : «Tous derrière Israël».
Pour M. Delawarde, « cette disproportion dans le traitement médiatique des événements en faveur d’Israël appelle évidemment quelques questions, dont le lobbying pro‐israélien en Occident a‐t‐il pu jouer un rôle dans la disproportion du traitement médiatique des événements en faveur d’Israël ? Et qui contrôle vraiment la meute médiatique occidentale ? « On notera avec intérêt que ce traitement médiatique disproportionné en faveur d’Israël, reste une spécificité occidentale. Les médias africains, asiatiques, sud‐américains, et russes paraissent beaucoup plus équilibrés que les nôtres sur cette affaire ».
En réalité, « c’est lorsqu’on s’informe correctement qu’on comprend mieux pourquoi la cocote minute de Gaza a fini par exploser. Pourquoi les hommes ont fini par prendre les armes en si grand nombre tout en sachant qu’ils allaient mourir ».
A la question de savoir si la gouvernance israélienne aurait été prévenue de cette attaque du Hamas et aurait laissé faire, il dit que « ce scénario est non seulement plausible mais probable. Car rien de tel pour le premier ministre israélien Netanyahu, qui était en grande difficulté, qu’une grande peur et qu’une petite guerre pour refaire l’unité du pays face à un ennemi commun, surtout lorsqu’on connaît le cynisme et le jusqu’au‐boutisme du personnage Netanyahu ».
Maintenant, comment les choses vont-elles évoluer ? Pour Delawarde, « le soutien financier et militaire des USA à l’égard d’Israël se fera probablement au détriment du soutien à l’Ukraine. Comme à leur habitude, les Européens suivront l’exemple de leur maître US. L’évolution du rapport de force en défaveur de l’Ukraine va donc s’accélérer et faciliter la victoire militaire de la Russie lorsque celle‐ci estimera le moment opportun.
A mon avis, pas avant l’été 2024 pour la signature d’un traité de paix après la capitulation sans condition de l’Ukraine. « Sur le plan économique, le niveau de production et de livraison de l’énergie (gaz, pétrole) pourrait être impacté. Les pays du Golfe et la Russie, très concernés par la crise israélo‐palestinienne, et qui détiennent les clefs de l’approvisionnement énergétique mondial, décideront ensemble de la conduite à tenir en fonction de l’évolution des événements en Palestine et autour.
« Sur le plan médiatique, le conflit israélo‐palestinien, nouvel os à ronger, va réduire d’autant la focalisation sur l’Ukraine. Les experts de plateau TV vont devoir se reconvertir en experts du Proche et du Moyen‐Orient. Jugés sur leur aptitude à relayer les narratifs otaniens de leur gouvernance respective, ils devraient réussir leur reconversion sans problèmes…
« Sur le plan géopolitique, on devrait voir s’affirmer toujours davantage les diplomaties de la multipolarité, reconnues plus « impartiales » hors de l’entre‐soi otanien, face aux diplomaties moribondes de l’Occident global, soumises à l’hégémon Israélo‐US, dont elles sont devenues les proxies au fil du temps ».