La crise de l’eau s’est rapidement aggravée depuis le début d’une guerre sans précédent contre Ghaza, au cours de laquelle Israël a coupé tout approvisionnement en électricité, eau, médicaments et carburant, et les conditions humanitaires y sont devenues tragiques.
Le Comité international de la Croix‐Rouge (CICR) affirme que la situation humanitaire dans la bande de Ghaza est «catastrophique et empire à chaque instant» et que « les civils de la bande supportent le lourd coût humanitaire, en particulier les femmes et les enfants », dans un communiqué publié en début de semaine.
Dans sa description de ce qui se passe, le CICR a déclaré : « Ce que nous voyons à Ghaza n’a pas été vu depuis notre présence permanente depuis 1967. La destruction a affecté les infrastructures d’eau et de traitement des eaux usées, la plupart d’entre elles étant hors service, ce qui indique un désastre environnemental.
« Obtenir une goutte d’eau propre à boire ou une miche de pain à Ghaza est un voyage dangereux qui dure des heures », poursuit le CICR. Cette crise de l’eau a été délibérément imposée par Israël à la bande de Ghaza depuis le début de la guerre, et elle est devenue une arme plus puissante que le feu contre les habitants de la
bande de Ghaza.
C’est ce qu’indiquent plusieurs bombardements menés par des avions israéliens contre des véhicules distribuant de l’eau et des réservoirs sur les toits d’immeubles et d’établissements de santé, le plus récent ayant eu lieu dimanche dernier à l’hôpital pour enfants Rantisi, dans le centre de la ville de Ghaza.
Le porte‐parole du ministère palestinien de la Santé, Ashraf Al‐Qudra, a déclaré dans une déclaration à l’agence turque « Anadolu » qu’Israël « a délibérément ciblé les réservoirs d’eau et d’énergie solaire de l’hôpital Al‐Rantisi, exposant la vie d’environ 7 000 patients, du personnel médical et des personnes déplacées à l’intérieur de l’hôpital risquant de mourir de soif.
De son côté, le mouvement Hamas a mis en garde avant‐hier mardi « contre la pénurie d’eau dans la bande de Ghaza et contre la politique israélienne consistant à recourir aux punitions collectives et à couper l’approvisionnement en eau pour faire pression sur les civils afin qu’ils les chassent de leurs maisons et lieux de résidence ».
Le mouvement palestinien a ajouté dans un communiqué que « l’occupation a coupé tout approvisionnement en eau dans la bande, en particulier dans la ville de Ghaza et son nord, ce qui a forcé les citoyens à boire de l’eau insalubre après que son armée a bombardé les réservoirs d’eau restants avec des missiles et des avions américains.»
De ce fait, Hamas a appelé « les Nations Unies et les parties internationales concernées à mettre fin à ce crime contre l’humanité qui conduit au génocide et à œuvrer immédiatement pour rétablir l’approvisionnement en eau ». Cette crise a conduit les Palestiniens à boire de l’eau polluée extraite de puits proches de la mer et des égouts.
Dans une déclaration à la presse internationale, le directeur adjoint des soins de santé palestiniens, Rami Al‐Abadla, a déclaré que les habitants de la bande de Ghaza boivent de l’eau contaminée, car l’eau est complètement coupée.
« Environ 1 000 cas sont surveillés quotidiennement, notamment la diarrhée, la variole, les infections respiratoires et les intoxications dues à l’eau contaminée. Auparavant, 1 000 cas étaient enregistrés en 6 mois », selon lui. Cette eau est extraite des puits grâce à de petits générateurs électriques qui ont été convertis du fonctionnement à l’essence au gaz de cuisine. Il n’y a actuellement aucune quantité de carburant dans la bande de Ghaza, mais le gaz est présent en quantités très limitées qui s’épuiseront d’ici quelques jours.
Cette eau n’est disponible que dans des zones limitées, c’est pourquoi des milliers de Palestiniens se rendent chaque jour dans des gares éloignées de leurs zones de résidence ou de déplacement et font la queue pour remplir des gallons dans un processus qui dure plusieurs heures. Il n’est pas possible pour un seul Palestinien d’obtenir de l’eau et du pain en une seule journée.
Chaque file d’attente dure au moins 6 à 8 heures, donc les membres d’une même famille sont divisés pour subvenir à leurs besoins, rapportent les agences de presse. Cependant, cette solution n’est pas accessible à tout le monde, car certaines zones sont difficiles à quitter pour obtenir de l’eau par crainte d’être bombardé. Il est évident que la soif sera le sort des Palestiniens de Ghaza d’ici quelques jours, en particulier dans la ville de Ghaza et dans le gouvernorat du nord de la bande, qui n’ont reçu aucune quantité d’aide humanitaire entrant par le passage terrestre de Rafah, à la frontière avec l’Egypte