Sète (France), la ville natale de Georges Brassens célèbre tout au long de cette année le centenaire de la naissance de son chanteur. De nombreuses festivités sont au programme, avec un thème cher au poète rebelle : la liberté individuelle.
Georges Brassens qui a donné plusieurs concerts à Alger et qui continue d’être écouté par ses fans est honoré par sa ville natale Sète qui célèbre cette année le centenaire de sa naissance. Des expositions, conférences, concerts et spectacles sont au programme de la manifestation.
Georges Brassens est né le 22 octobre 1921 dans un quartier populaire du port de Sète. Dans la maison familiale, il est entouré de sa mère, Elvira, de son père, Jean-Louis ( maçon, comme ses parents l’étaient avant lui), de sa demi-sœur Simone Comte et de ses grands-parents. Georges a vécu auprés de parents qui chantaient à la maison et écoutaient les disques de Tino Rossi, Charles Trenet ou Ray Ventura et ses Collégiens. Georges commence sa scolarité, à l’âge de 4 ans, dans l’institution catholique des sœurs de Saint-Vincent. Il en sort deux ans après pour entrer à l’école communale. À 12 ans, il entre au collège. Georges est loin d’être un élève studieux. Ses amis le décrivent comme plutôt rêveur en classe. Mais, après l’école, il préfère les jeux, les bagarres, les bains de mer et les vacances. Afin que son carnet de notes soit meilleur, sa mère lui refuse des cours de musique. Il ignorera donc tout du solfège, mais cela ne l’empêche pas d’écrire ses premiers poèmes. En 1936, il s’ouvre à la poésie grâce à son professeur de français, Alphonse Bonnafé, alias « le Boxeur ». L’adolescent s’enhardit jusqu’à lui soumettre quelques-uns de ses bouts-rimés. Loin de le décourager, l’enseignant lui conseille plus de rigueur et l’intéresse à la technique de versification et à l’approche de la rime. À la poésie et à la chanson populaire s’ajoute sa passion pour les rythmes nouveaux, venus d’Amérique, qu’il écoute à la TSF : le jazz. En France, Charles Trenet conjugue tout ce qu’il aime. Il sera son modèle. En 1939, la guerre contre l’Allemagne est déclarée. Il pourrait devenir maçon, auprès de son père, mais, peine perdue, il ne se satisfait pas de cette perspective. Il persuade ses parents de le laisser quitter Sète, où sa réputation est ternie après une venture qui l’avait mené en prison, et aller tenter sa chance à Paris. En 1940, il se retrouve à Paris chez sa tante maternelle. Chez elle, il y a un piano. Il en profite pour apprendre l’instrument à l’aide d’une méthode, malgré sa méconnaissance du solfège. Pour ne pas vivre à ses dépens, comme promis, il recherche un emploi. Il obtient celui de manœuvre dans un atelier des usines Renault. Cela ne dure pas, le 3 juin, Paris et sa région sont bombardés et l’usine de Billancourt est touchée. Le 14, l’armée allemande entre dans la capitale. C’est l’exode. Georges retourne dans sa ville natale. L’été passé, certain que son avenir n’est pas là, il revient chez sa tante, dans un Paris occupé par la Wehrmacht. Tout travail profitant maintenant à l’occupant, il n’est plus question pour lui d’en rechercher.
Poésie et chanson
Georges passe ses journées à la bibliothèque municipale du quartier. Il apprend la versification et lit Villon, Baudelaire, Verlaine, Hugo et tant d’autres. Il acquiert ainsi une certaine culture littéraire qui le pousse à écrire ses premiers recueils de poésie. En février 1943, l’Allemagne nazie impose au gouvernement de Vichy la mise en place d’un service du travail obligatoire (STO). Le 8 mars, il se trouve gare de l’Est pour se rendre en Allemagne, vers le camp de travailleurs de Basdorf, près de Berlin. Là-bas, il travaille dans la manufacture de moteurs d’avion BMW. On le voit souvent plongé dans des bouquins ou écrivant des chansons, qui divertissent ses compagnons. En mars 1944, Georges Brassens bénéficie d’une permission de quinze jours pour maladie grave. C’est une aubaine à saisir : il ne retournera pas en Allemagne. Après la libération de Paris, sa carte de bibliothèque récupérée, Brassens reprend son apprentissage de la poésie et s’adonne à nouveau à la littérature. La fin de la guerre, signée le 8 mai 1945, marque le retour à Paris des copains de Basdorf. Avec ses amis retrouvés, Brassens projette la création d’un journal à tendance anarchiste, Le Cri des gueux. Après la sortie du premier numéro, faute de financement suffisant, le projet tourne court. Il achète la guitare d’un ami. Elle lui sera volée. En 1946, il hérite du piano de sa tante Antoinette, morte en juillet. Cette année-là, il ressent ses premiers maux de reins accompagnés de crises de coliques néphrétiques. Ses talents de poète et de musicien sont arrivés à maturité. De nombreuses chansons sont déjà écrites. Pratiquement toutes celles de cette époque qu’il choisira d’enregistrer deviendront célèbres, comme Le Parapluie, La Chasse aux papillons, J’ai rendez-vous avec vous, Brave Margot, Le Gorille.
La guitare
En 1951, Brassens rencontre Jacques Grello, chansonnier et pilier du Caveau de la République qui, après l’avoir écouté, lui offre sa propre guitare et lui conseille, plutôt que du piano, de s’accompagner sur scène avec cet instrument. Sur scène, Brassens ne s’impose pas. Intimidé, paralysé par le trac, suant, il est profondément mal à l’aise. Il ne veut pas être chanteur, il préférerait proposer ses chansons à des chanteurs accomplis. Après plusieurs auditions infructueuses, Brassens est découragé. Roger Thérond et Victor Laville, deux copains sétois, journalistes du magazine Paris Match, viennent le soutenir. Ils lui obtiennent une audition chez Patachou en 1952. Au bout de quelques chansons, Patachou est conquise. Enhardi, Brassens lui propose ses chansons. Elle ne dit pas non et l’invite même à se produire dans son cabaret. Les jours suivants, malgré son trac, il chante sur la scène du restaurant-cabaret de Patachou. Quand Patachou parle de sa découverte, elle ne manque pas de piquer la curiosité du directeur du théâtre des Trois Baudets, Jacques Canetti, également directeur artistique pour la firme phonographique Philips. Le 9 mars 1952, il se rend au cabaret Chez Patachou pour écouter le protégé de la chanteuse. Emballé, il convainc le président de Philips de lui signer un contrat. D’avril à novembre, neuf chansons sortiront sur disques 78 tours. Le 6 avril 1964, Brassens fait sa première émission télévisée à la RTF. Il chante La Mauvaise Réputation devant le public de l’Alhambra. Du 28 juillet au 30 août, il fait sa première tournée en France, en Suisse et en Belgique, avec Patachou et Les Frères Jacques. Lui qui longtemps a hésité entre une carrière de poète et celle d’auteur-compositeur est maintenant lancé dans la chanson. La nouvelle station de radio, Europe no 1 est un événement important dans sa carrière. C’est la seule qui diffuse ses chansons interdites sur les radios d’État. En 1956, Brassens sera animateur sur Europe 1. En avril 1962, il fête à Bobino ses dix ans de carrière. Dix ans se sont écoulés depuis la parution de son premier album — neuf ont paru, quatre-vingts chansons ont été enregistrées. Il passe au théâtre municipal de Sète, le 13 avril 1973. Cette année-là, il fait son entrée dans Le Petit Larousse. Georges Brassens meurt le jeudi 29 octobre 1981. Il est inhumé à Sète.