Dans sa hargne revancharde, le Premier ministre israélien joue les temps morts. Pour lui, le match est fini. La défaite aura été totale et rien, absolument rien ne pourrait l’édulcorer ni en atténuer les douleurs. Dans un post, au lendemain des attaques surprises du 7 Octobre, il avait déjà tenté de tout mettre sur le dos des services de renseignement.
Les réactions de ces derniers l’ont contraint à supprimer le texte, déférant le solde avec lui pour plus tard. 50 jours de guerre intense sur Gaza n’auront servi à rien : aucun des objectifs annoncés n’a été atteint. Les Ghazaouis ne quitteront pas Ghaza, les chefs du Hamas sont toujours actifs et les otages n’ont pas été récupérés par la force de Yoav Gallant mais par la volonté de Yahia Sinwar.
Les médias israéliens se font l’écho de cette déconfiture unique dans l’histoire récente de l’entité sioniste. Pour le Jérusalem Post, «Netanyahu cherche à échapper à ses responsabilités pour le 7 octobre. Il n’y parviendra pas». Sous la plume acerbe de Tal Schneider, la critique est sans pitié contre celui qui devrait céder son poste dès la fin de la guerre (c’est pour cela qu’il la rallonge encore) : «Lors de sa conférence de presse, le Premier ministre s’est livré à un exercice qui le caractérise : la dérobade.
Mais il lui sera impossible de réécrire l’histoire de ses manquements. Contrairement à ce qu’ont dit samedi nos dirigeants en cette période de guerre – le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le ministre de la Défense Yoav Gallant et le ministre Benny Gantz –, Israël n’est pas en train de vivre une seconde guerre existentielle de l’indépendance. Mais ces journées sont insupportablement difficiles, éprouvantes, sombres.
Le sentiment de dépression devient plus profond, plus lourd à chaque heure, chaque jour qui passe. Il est présent dans tous les foyers israéliens; impossible d’échapper à la pression émotionnelle exercée par la simple pensée de ces 230 otages – des parents, des enfants, des personnes âgées, des nourrissons, des soldats – retenus à Ghaza.
Netanyahu, ce leader vieillissant qui voit encore en lui‐même un roi tout‐puissant, a été dans l’incapacité de se présenter devant les Israéliens au cours des 21 longues journées qui se sont écoulées depuis le début de la guerre. Quand il s’est finalement résolu à le faire à l’occasion d’une conférence de presse – sans aucun désir d’apporter des réponses sincères aux questionnements des journalistes –, il n’a pas manqué d’amener avec lui deux gilets pare‐balle sous la forme des autres membres du cabinet de guerre, Yoav Gallant et Benny Gantz.
«L’idée même d’un Netanyahu faisant face aux questions des journalistes était, de toute façon, vouée à l’échec. Si cet événement devait entrer dans les annales d’Israël pour l’éternité, ce serait plutôt en raison de la tentative de Netanyahu, toujours soucieux de son image, d’obtenir leur protection et leur complicité. Mais les journalistes ont posé toutes leurs questions à Netanyahu, à l’exception d’une seule. Le message était : «Vous avez eu peur de nous parler de vos manquements et nous nous focaliserons sur vous en conséquence».
La chute a été plus brutale dans la presse israélienne : «Par conséquent, en ce qui concerne l’histoire du 7 octobre, le nom de Netanyahu ne figurera pas sur la page écrite par les vainqueurs. Et cette-fois ci, il ne pourra pas fuir, fausser, remanier et réécrire le narratif». Voilà qui est clair pour la suite des événements à Tel Aviv.