Le Qatar a appelé vendredi dernier à mener des enquêtes rapides, indépendantes et impartiales sur les crimes sionistes commis à l’encontre des journalistes dans la bande de Ghaza, ajoutant que l’enclave palestinienne a subi les « pertes les plus importantes » parmi les journalistes de l’histoire des guerres modernes.
C’est ce qui ressort d’un discours sur la « protection des journalistes », prononcé par Abdullah Al‐Naama, troisième secrétaire du Département des droits de l’homme au ministère qatari des Affaires étrangères, devant le Conseil des droits de l’homme des Nations unies lors de sa 55ᵉ réunion qui se tient actuellement à Genève.
Selon le diplomate qatari, « le bilan des journalistes martyrs à Ghaza, depuis le 7 octobre, s’élève à plus de 130 journalistes, en plus des 16 autres blessés, de la disparition de 4 et de l’arrestation de 25 », souligne l’agence Anadolu. Il a indiqué que « ces chiffres vont probablement augmenter, ce qui en fera les pertes les plus importantes pour les journalistes dans l’histoire des guerres modernes ».
Al‐Naama a appelé à « mener des enquêtes rapides, indépendantes et impartiales, conformément aux normes internationales, et à veiller à ce que les responsables n’échappent pas à ces violations et ces crimes ». Des assassinats dénoncés récemment par des experts de l’ONU dans un communiqué de presse. «Nous sommes alarmés par le nombre extraordinairement élevé de journalistes et de travailleurs des médias qui ont été tués, attaqués, blessés ou détenus dans le territoire palestinien occupé, en particulier à Ghaza, au cours des derniers mois, au mépris flagrant du droit international », ont souligné les experts dans un communiqué.
Des dizaines de journalistes palestiniens ont été arrêtés par les forces israéliennes à Ghaza et en Cisjordanie occupée, où les actes de harcèlement, d’intimidation et d’agression à l’encontre des journalistes se sont multipliés depuis les attentats du 7 octobre. « Rarement des journalistes ont payé un prix aussi lourd pour avoir simplement fait leur travail que ceux qui se trouvent actuellement à Ghaza », indique ce groupe d’experts.
Ils soulignent le cas du journaliste d’Al‐Jazeera, Wael al‐Dahdouh, qui a perdu sa femme, ses deux enfants et son petit-fils à la suite d’un bombardement sioniste le 25 octobre 2023, qui a subi lui‐même une attaque de drone qui a tué son caméraman fin décembre et qui a perdu un autre fils, également journaliste d’Al‐Jazeera, ainsi qu’un autre journaliste, tués par une attaque de drone sioniste visant leur voiture le 7 janvier 2024.
Il s’agit, selon eux, d’une stratégie délibérée contre les médias. « Nous avons reçu des informations inquiétantes selon les‐quelles des journalistes ont été attaqués alors qu’ils étaient clairement identifiés par des vestes et des casques portant la mention « presse » ou qu’ils se déplaçaient dans des véhicules de presse bien identifiés, ce qui semble indiquer que les meurtres, les blessures et les détentions sont une stratégie délibérée des forces d’occupation visant à entraver les médias et à faire taire les reportages critiques », ont poursuivi les experts de l’ONU.
«Les journalistes ont droit à une protection en tant que civils en vertu du droit humanitaire international. Les attaques ciblées et les assassinats de journalistes constituent des crimes de guerre », ont averti les experts. Ils se sont dit gravement préoccupés par le fait que l’entité sioniste refuse de laisser les médias extérieurs à la bande de Ghaza entrer et faire des reportages, à moins qu’ils ne soient intégrés aux forces sionistes .
« Les attaques contre les médias à Ghaza et les restrictions imposées aux autres journalistes pour accéder à Ghaza, combinées aux graves perturbations de l’Internet, constituent des obstacles majeurs au droit à l’information de la population de Ghaza et du monde extérieur », ont estimé les experts. «Nous demandons instamment aux autorités sionistes d’autoriser les journalistes à entrer à Ghaza et de protéger la sécurité de tous les journalistes dans le territoire palestinien occupé ».
«Nous demandons instamment à la Cour internationale de Justice et à la Cour pénale internationale d’accorder une attention particulière au dangereux schéma d’attaques et d’impunité pour les crimes commis contre les journalistes, qui s’est intensifié depuis le 7 octobre. Le ciblage et l’assassinat de journalistes dans le territoire palestinien occupé doivent cesser », ont‐ils ajouté.
En ce mois béni, l’entité sioniste poursuit ses opérations meurtrières contre la bande de Ghaza, qui lui ont valu de comparaître devant la Cour internationale de Justice, la plus haute instance judiciaire des Nations unies, pour des accusations de génocide contre les Palestiniens. Outre les pertes humaines, l’agression dévastatrice menée par l’occupant sioniste a provoqué une catastrophe humanitaire sans précédent, une destruction massive des infrastructures et des biens, et le déplacement forcé d’environ 2 millions de Palestiniens sur un total d’environ 2,3 millions d’habitants à Ghaza.