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Alger

Quand l’école littéraire d’Alger dominait la France

La littérature francophone en Algérie au début du XXe siècle était à la mode « orientaliste », et il était déjà établi, dès la seconde moitié du XIXe siècle, qu’il était du dernier bien de venir en Algérie se ressourcer pour faire de la bonne littérature d’auteur.

On avait droit avant le XXe siècle à Théophile Gautier (l’extraordinaire auteur d’ « Emaux et camées »), Maupassant, Nerval, Fromentin, Girardet et consorts, mais ce courant littéraire « explosait » dans la première moitié du XXe siècle avec des écrivains français nés en Algérie, qu’on appelait également les écrivains français d’Algérie : Gabriel Audisio
(1900‐1978), Albert Camus (1913‐1960), Emmanuel Roblès (1914), Claude de Fréminville, (1914‐1966) René‐Jean Clot (1913), Jean Pélégri (1920), Jules Roy (1907), etc. Ceux‐ci formaient un groupe d’auteurs qui se sont imposés sous le nom d’École d’Alger.

Le plus célèbre nom de cette école était Albert Camus, l’un des plus grands écrivains français et universels du XXe siècle, originaire d’Algérie. La vie et l’oeuvre de Camus, largement explorées par la critique internationale, ne seront abordées ici que dans leur aspect algérien, l’élément de toute première importance pour sa personnalité d’homme et d’artiste.

Albert Camus est un écrivain français et algérien mais son algérianité diffère essentiellement de celle des écrivains de souche arabe et berbère qui prennent la parole autour des années cinquante en tant que fondateurs d’une littérature nationale de l’Algérie post‐coloniale.

L’algérianité de Camus est déterminée historiquement. Par ses origines, il appartenait au peuple colonisateur, les Français d’Algérie, nés sur la terre algérienne et appelés dans le langage familier pieds‐noirs. La communauté des Européens d’Algérie (Français, Espagnols, Italiens, Maltais), au fil des générations, a commencé à œuvrer pour son émancipation en tant que peuple neuf, appelé à construire son bonheur en une Algérie prospère grâce aux qualités de leur race : force, vitalité, virilité, intelligence.

A l’époque coloniale, les nouveaux débarqués, à l’issue de leurs préoccupations d’identité, s’approprient le nom d’Algériens pour désigner les membres de la communauté des conquérants arrivés aux rivages africains pour aménager leur terre promise, sous le regard hostile de l’autochtone. Camus lui‐même, tout au long de son itinéraire, utilise cette terminologie séparatiste et discriminatoire privant l’indigène de son nom originaire.

Les écrivains français d’Algérie : Gabriel Audisio (1900‐1978), Albert Camus (1913‐1960), Emmanuel Roblès (1914), Claude de Fréminville, (1914‐1966) René‐Jean Clot (1913), Jean Pélégri (1920), Jules Roy (1907), formaient un groupe d’auteurs qui se sont imposés sous le nom d’École d’Alger.

Cette expression de Gabriel Audisio (Camus, en 1946, lui préférait la sienne, École nord‐africaine des Lettres) désigne la production littéraire d’auteurs nourris de la même sensibilité méditerranéenne et réunis, à partir des années 1935, autour de la librairie d’Edmont Chariot, à Alger.

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