La Ligue arabe, qui tiendra son 33e Sommet, ce jeudi, à Manama (Bahreïn) ira-t-elle dans le sens de l’Histoire en adoptant des mesures courageuses comme celles formulées par l’Algérie dans le précédent sommet ou se suffira-t-elle encore d’une déclaration timorée, en tenant le bâton par le milieu ?
Personne n’ignore la lourde influence américano‐sioniste sur certains pays de cette organisation, aussi est‐il difficile de prédire ce qui en ressortirait exactement de ce sommet concernant le génocide actuel à Ghaza, mais tout semble indiquer qu’aucune décision qui fâcherait les Américains et les sionistes ne serait prise. On peut être sûr, qu’à l’issue de ce sommet, aucun des pays normalisés ne rompra ses liens économiques et diplomatiques avec l’entité sioniste, et les pays non normalisés qui approvisionnent Israël en pétrole continueront à le faire ! Il y aura donc aucun changement de ligne
L’Algérie, comme à son accoutumée essaiera de faire bouger les lignes, de secouer le cocotier, mais les alliés des sionistes veilleront à ce que rien de dangereux envers l’entité sioniste n’émanera de cette rencontre ! Évidemment, le sommet condamnera à tour de bras les autorités d’occupation israéliennes, remettra sur le tapis la solution à deux états, et appellera le Conseil de sécurité de l’ONU à adopter une résolution contraignante pour faire cesser l’agression contre Ghaza…mais sans pour autant aller plus loin.
Ce sommet pourrait même adopter le terme de « génocide » pour qualifier l’agression sioniste contre Ghaza, comme l’a annoncé, mardi, Muhannad Al‐Aklouk, le représentant permanent de la Palestine auprès de la Ligue des États arabes, en marge de la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères , mais sans plus !
Hormis des dénonciations, un changement éventuel de ton dans le vocabulaire, ou des propositions à tenir des conférences internationales pour résoudre le conflit palestinien, le sommet arabe ne prendra certainement aucune résolution concrète contre l’entité sioniste. Il se pourrait même qu’il aille dans le sens voulu par les Etats‐Unis qui disent que la bande de Ghaza ne doit jamais revenir sous l’administration du Hamas.
Les propos de Muhannad Al‐Aklouk tendent d’ailleurs à confirmer cela. Tout en déclarant que « le sommet rejettera catégoriquement les plans israéliens pour le jour d’après dans la bande de Ghaza », il a laissé entendre que le sommet soutiendrait le gouvernement de l’État de Palestine à assumer la gouvernance dans la bande de Ghaza.
Autrement dît, évacuer le Hamas et les autres factions de la résistance palestinienne de l’équation Ghaza comme le veulent les sionistes et les Américains. Ce qui est inconcevable ! Comment peut‐on accepter des injonctions étrangères dans les affaires de Ghaza ! C’est aux Palestiniens, et seulement aux Palestiniens de décider du sort de Ghaza, pas à la force d’occupation ou à leurs alliés.
La ligue arabe doit éviter de prêter le flanc et de travailler aux objectifs de l’administration américaine. Elle doit, plutôt, renforcer la résistance, porter plainte pour génocide contre Israël comme l’a fait l’Afrique du Sud et user de mesures coercitives pour faire cesser l’agression contre Ghaza.
Les déclarations timides de dénonciations comme celles des précédents sommets n’aideront en rien dans le règlement du conflit et ne feront que ternir davantage l’image de cette ligue qui bat de l’aile depuis de longues années.
Se contenter de condamnations et de propositions de conférence internationales, ne sera rien d’autre qu’un feu vert pour l’entité sioniste de se livrer à d’autres crimes de guerre.
Depuis l’Initiative de paix émanant du Sommet de la Ligue arabe 2002 de Beyrouth, la question palestinienne n’a cessé de reculer parmi de nombreux pays de la ligue qui commençaient depuis à se compromettre ouvertement avec l’entité sioniste.
N’aurait été le déluge d’Al Aqsa qui a redéfini les cartes au Moyen Orient, l’entité sioniste aurait aujourd’hui normalisé ses relations avec au moins une dizaine de pays arabes dont l’Arabie‐Saoudite. Et la question palestinienne aurait été mise en arrière‐plan et ne plus continuer un des sujets majeur de la politique arabe.
Il faut savoir gré à la résistance palestinienne qui a réussi à stopper le félon processus de normalisation et à brouiller les plans de l’administration américaine qui travaillaient d’arrache pied à un Moyen‐Orient dominé par un Etat d’Israël puissamment armé, secondé par des valets arabes.
Les Palestiniens, notamment les Ghazouis attendent un sursaut et une position historique de ce sommet en leur faveur. Que leur espoir ne soit pas frustré !