L’organisation de l’espace culturel et faire de la production culturel une industrie au sens cru de terme, n’est pas, à vrai dire, une entreprise de tout repos, car transformer le produit culturel en une entité marchande peut pousser à la confusion entre la propriété culturelle ou artistique individuelle et la culture de masse considérée comme une culture jaillissant spontanément des masses mêmes, en somme de la forme actuelle de l’art populaire.
Or le concept d’industrie culturel s’élève au-delà et se soustrait de cet aspect philosophique et sociologique pour se limiter au champs regroupant l’ensemble des activités de production et d’échanges culturels soumises aux règles de la marchandisation, où les techniques de production industrielle sont plus ou moins développées, mais où le travail s’organise de plus en plus sur le mode capitaliste d’une double séparation entre le producteur et son produit, entre les tâches de création et d’exécution
L’industrie culturelle, il est vrai, tient sans conteste compte de l’état de conscience et d’inconscience des millions de personnes auxquelles elle s’adresse, mais les masses ne sont pas alors le facteur premier, mais un élément secondaire, un élément de calcul ; accessoire de la machine d’industrie culturelle. Le consommateur n’est pas roi, comme l’industrie culturelle le voudrait, il n’est pas le sujet de celle-ci, mais son objet.
D’ailleurs, le terme de mass media, qui s’est imposé pour l’industrie culturelle, ne fait que minimiser le phénomène. Cependant il ne s’agit pas des masses en premier lieu, ni des techniques de communication comme telles, mais de l’esprit qui leur est insufflé, à savoir la voix de leur maître.
D’autres concepts proches, bien que différents, ont émergé ces dernières années tels que les industries de contenu voire les industries protégées par le droit d’auteur (copyright industries).
Il reste que cependant, toutes ces approches ont un point commun : l’origine des produits issus de ces secteurs est la création et celle-ci est d’une part soumise à des règles industrielles et d’économie de marché et, d’autre part, généralement dépendante des droits de la propriété intellectuelle.
Par ailleurs, les notions d’industries culturelles et créatives recouvrent les biens et services issus de modalités de production et de reproduction plus ou moins industrielles. Sont ainsi prises en compte les filières industrielles, semi-industrielles et non industrielles pourvu qu’elles donnent lieu à la création de produits mis sur le marché et soumis à un processus de marchandisation leur conférant une valeur marchande.
Ce processus de marchandisation qui confère aux œuvres culturelles et artistiques une valeur marchande, impose des règles d’organisation et des règles légales afin de faire de l’industrie culturelle un domaine ou une branche de l’économie qui respecte les lois et opère dans les dispositions que la législation impose.