Artistes, hommes de culture, entrepreneurs et gestionnaires de la culture et de l’art en Algérie se sont réunis durant trois jours pour trouver les solutions afin que la culture et l’art deviennent rentables.
Comme pour le sport, l’argent a toujours tourné autour du monde artistique en Algérie mais il n’a que rarement bien servi. Le forum de l’économie culturelle a été l’occasion de penser une nouvelle fois à l’utilité et l’utilisation de l’argent dans le secteur culturel. Si aujourd’hui, le secteur culturel en Algérie souffre du manque d’argent octroyé par l’Etat, c’est que certains gestionnaires n’ont pas su ou voulu bien s’en servir, si ce n’est quelques fois pour eux-mêmes.
On s’est souvent demandé pourquoi l’Algérie dépense des sommes immenses lors de certaines manifestations telles que Alger, capitale de la culture arabe ou Tlemcen, capitale de la culture islamique alors qu’on oublie de dépenser pour la formation d’artistes et techniciens. On voit aussi comment on jette l’argent en organisant des galas qui ne servent à rien mais surtout par le lancement de projets qui n’aboutissent jamais ou du matériel qui disparaît comme ce chapiteau de Tlemcen, qui « aurait » été volé alors que la manifestation avait comme thème l’Islam.
Un ancien ministre de la culture qui n’est pas responsable du tout petit budget octroyé depuis l’indépendance au secteur culturel en Algérie avait déclaré que la situation financière que connaît l’Algérie était à l’origine des retards accusés dans plusieurs projets de restauration et de conservation du patrimoine culturel dans plusieurs wilayas. Les ministres qui se sont succédé ont toujours pensé à l’organisation de festivals et grands concerts notamment lors des grands événements sans oublier ces gestionnaires qui jetaient de l’argent en invitant des chanteuses étrangères de bas niveau telles que Haifa Wahbi au moment où des artistes algériens souffraient du chômage au lieu de faire travailler les algériens et surtout investir dans la formation et le recrutement des hommes qu’il faut.
Il est temps de se poser les questions sur les dépenses des festivals et les budgets des différents projets et en tirer les leçons. Pour la périodicité de l’organisation des festivals, on se demande pourquoi le festival panafricain n’a été organisé que deux fois depuis l’indépendance de l’Algérie. C’est le seul festival au monde organisé une fois tous les 40 ans. A la prochaine édition, on pourrait l’inscrire au Guinness des records.
Pour gérer l’argent de l’art et la culture, il faut d’abord les personnes qui savent gérer l’argent et la culture. Au gouvernement comme dans les wilayas ou les communes, la culture et l’art doivent être gérés par des hommes ayant un lien avec ce domaine ou qui aiment l’art. Il ne suffit pas de construire des théâtres, des salles de cinéma, des bibliothèques ou des musées pour croire qu’on va développer le secteur culturel. Et il ne suffit pas d’organiser une telle rencontre pour croire que tout va changer en promettant que tout ce qui a été dit durant les trois jours sera écrit dans un délai de six mois.
Le ministre de la culture Mme Bendouda a annoncé l’ouverture d’une ville du cinéma à Timimoune et d’autres infrastructures. Cela pourrait servir mais le plus important c’est de former des gens pour les gérer. On souhaite qu’au moins une partie des promesses faites durant ce forum serve l’art et la culture.
Investir dans cerveaux
L’Algérie possède actuellement des centres culturels, des théâtres régionaux et des infrastructures réalisées à coup de milliards alors qu’elles sont fermées presque toute l’année comme les théâtres de verdure de Sidi Fredj ou Laadi Flici ou le théâtre régional de Batna. Les ministres qui se sont succédé ces dernières décennies se sont-ils demandé combien de théâtres ont été construits depuis l’indépendance et qui sont totalement abandonnés ?
Vu le nombre réduit d’activités artistiques organisées au théâtre de verdure Laadi Flici, on se demande si cette infrastructure a été réalisée pour consolider seulement les fondations de l’hôtel Aurassi ou pour les galas organisés surtout durant le Ramadhan ou la saison estivale. Il est à rappeler que cette grande infrastructure est dotée non seulement du théâtre de verdure mais aussi de salles de spectacles et de conférences et d’autres qui peuvent servir d’ateliers.
De nombreuses ont été réalisées et abandonnées car on a pensé à la structure en béton sans investir dans les cerveaux. L’histoire nous a prouvé que l’important n’est pas d’investir dans les infrastructures mais dans la formation des gestionnaires car si ces derniers n’ont pas le niveau requis on continuera à faire du sur place.
A ce jour, on n’a pas trouvé la solution pour convaincre les algériens à visiter les musées. Au lieu de former des conservateurs, on installe des anthropologues à la tête des musées. C’est vrai que l’anthropologue connait le domaine mais on préfère le voir dans le domaine de la recherche au lieu de se cloîtrer dans le bureau d’un musée alors qu’il n’a même pas les moyens de recruter des guides et des gardiens ni encore d’acheter des œuvres à exposer.
Si durant cette rencontre, des gens ont promis de mettre de l’argent dans le domaine culturel, cela ne suffira pas tant qu’on continuera à investir dans la construction et l’achat de matériel sans se soucier de la formation, surtout des gestionnaires. Attendons encore une fois pour voir les résultats et espérons qu’ils seront positifs.