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«Pour les énergies renouvelables, la levée des contraintes à l’investissement s’impose»

Dans cet entretien, l’expert en transition énergétique M. Tewfik Hasni réagit aux dernières déclarations du directeur du CEREFE, concernant la production des énergies renouvelables ainsi que la valorisation des déchets pour la production de biogaz.

L’EXPRESS : MOURAD ISSIAKHEM, DIRECTEUR CHARGÉ DE L’EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE AU CEREFE, A INDIQUÉ RÉCEMMENT QUE L’OBJECTIF VISANT À PRODUIRE QUATRE GIGAWATTS SERA ATTEINT D’ICI LA FIN 2024 OU DÉBUT 2025. EST-CE RÉALISABLE?

Tewfik Hasni : Dans la construction d’usine, l’engineering joue un rôle important. Lorsqu’il est bien fait, la précision des délais est d’autant plus conséquente que tout retard peut être pénalisant. Il ne peut exister une marge aussi importante dans les prévisions d’échéance. En conséquence, on ne peut se prononcer sur la base de cette seule information.

L’ALGÉRIE DISPOSE D’UN POTENTIEL IMPORTANT CONCERNANT LA VALORISATION DES DÉCHETS POUR LA PRODUCTION DE BIOGAZ. QUELS SONT LES MOYENS NÉCESSAIRES POUR PRODUIRE CE TYPE D’ÉNERGIE?

Quel pourrait être le rôle du biogaz si ce n’est constituer une source de chaleur. On ne se lance dans le biogaz pour produire de l’électricité qu’après une évaluation du modèle de consommation énergétique qui seul fera ressortir le mix énergétique le plus adéquat pour notre pays.

Le biogaz reste une niche de marché pour les capacités de gaz récupérables dans une décharge publique. Ceci limite en fait les capacités récupérables. Seule une étude économique après cela permettrait de répondre à votre question.

POUR POUVOIR RÉALISER LES AMBITIONS AFFICHÉES PAR LES POUVOIRS PUBLICS EN MATIÈRE D’ÉNERGIE RENOUVELABLE, NOTAMMENT L’HYDROGÈNE VERT, LE GROUPE SONATRACH DEVRA-T-IL, SELON VOUS, METTRE LE CAP SUR L’INVESTISSEMENT AVEC LES COMPAGNIES ÉTRANGÈRES ?

L’hydrogène vert ne constitue pas pour l’instant un marché durable. L’Europe met tous les freins pour s’engager vers cela. La crise économique et les problèmes de financement ont fait reculer plus d’un pays. En ce qui nous concerne, la première question qui se pose reste celle de la valeur ajoutée.

L’approche européenne est d’optimiser la production dans les pays du Sud : Maroc, Maurétanie et Egypte. Ces pays sont en difficulté financière. Ils sont prêts à tout accepter sans récupération de la valeur ajoutée. Si l’hydrogène doit être transporté sous forme liquide seulement pour réduire les coûts et les risques, alors ceci ne se fera qu’en réduisant au maximum la valeur ajoutée.

En plus de cela, l’hydrogène viendrait concurrencer notre gaz. La volonté de l’Europe était de réduire sa dépendance vis‐à‐vis de la Russie. Apparemment, la crise aidant, certains pays européens négocient avec la Russie la remise en service du south‐stream. On a le droit de penser que ceci clôt le marché de l’hydrogène

 LA DIVERSIFICATION DE NOS RESSOURCES ÉNERGÉTIQUES POUR POUVOIR NOUS ADAPTER AUX MARCHÉS FUTURS PASSE PAR LA LEVÉE DES CONTRAINTES ET LA LIBÉRATION DE TOUTES LES INITIATIVES D’INVESTISSEMENT. ÊTES-VOUS DE CET AVIS?

Il est clair que pour les énergies renouvelables comme pour les autres secteurs, la nécessaire levée des contraintes à l’investissement s’impose. Il me semble que ceci serait pris en charge.

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L'express quotidien du 03/02/2025

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