Du nouveau du côté du Rif, dans le nord du Maroc, six ans après les manifestations de protestation de jeunes d’Al Hoceima et des villages environnants contre leur marginalisation par l’administration royale et le sous‐développement criard dans lequel est maintenu la région depuis 1958.
Une date funeste correspondant à la terrible répression policière qui s’était abattue sur les rifains, commandée alors par le jeune prince héritier Hassan II, qui n’avaient pourtant que demandé plus de développement, plus de justice sociale, un avenir pour leurs enfants conformément à un accord politique conclu avec le roi Mohamed V par le parti Mouvance populaire (M) de Mahjoubi Aherdane, un mouvement politique berbériste en fait.
Six années après la répression de 2016, et la lourde sentence contre Nasser Zefzafi, leader du Hirak rifain, qui croupit avec plusieurs de ses compagnons dans la sinistre prison de Casablanca d’Oukacha pour 20 longues années, le Rif bouge de nouveau. Et, un peu plus d’un siècle après la naissance d’un état indépendant dans le nord du pays, proclamé par Abdelkrim El Khettabi comme étant la République du Rif et maté dans le sang par la France et l’Espagne, le 2 mars 2024 naîtra à Alger le Parti National Rifain (PNR), ayant la même revendication que celle de Mohand El Khettabi : l’indépendance du nord du Maroc, le Rif.
Samedi 23 novembre 2024, la même revendication a été réitérée par Jaber El Ghadioui du PNR et représentant du Rif lors d’une allocution tenue en marge de la première session de la Journée du Rif, organisée à Alger sous le thème «la République du Rif et le droit de recouvrer l’indépendance».
El‐Ghadioui, membre du PNR, qui a salué «les positions et principes immuables de l’Algérie qui a toujours été la Mecque des révolutionnaires», est «la première du Parti national rifain hors Europe.» Il a ainsi réaffirmé la volonté de son parti de permettre au Rif de recouvrer son indépendance, soulignant que «nous voulons recouvrer notre droit légitime qui nous a été confisqué par la force et c’est là une revendication qui n’est pas nouvelle».
«Le parti ne cessera jamais de revendiquer ce droit», car, a‐t‐il précisé, «la République du Rif n’a jamais fait partie du Maroc, de même que le Maroc n’a jamais été du côté des Rifains qui défendent leur terre».
«La République du Rif, en tant que première république indépendante en Afrique du Nord en 1921 et jusqu’en 1926, était une entité jouissant de la souveraineté et de l’indépendance, et n’a jamais été soumise au régime du Makhzen qui s’est allié aux puissances coloniales au détriment du peuple rifain», a expliqué El Ghadioui, avant de relever que «la République du Rif jouit de toute la légitimité historique et la légalité juridique sous‐tendant la revendication des Rifains pour recouvrer ce qui leur a été confisqué.»
Appelant à un soutien international pour sauver le peuple Rifain «soumis à un génocide systématique commis par le régime marocain’’, il a appelé les différents acteurs du continent africain à «adopter une position considérant la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et la République du Rif comme étant les dernières colonies en Afrique et représentant des plaies béantes sur le corps du continent, qui ne cicatriseront qu’avec leur indépendance».