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Les coulisses violentes du trafic de drogue au Maroc

Un accident spectaculaire survenu dans les eaux au large d’Al Hoceima, au Maroc, a mis en lumière une fois de plus le rôle crucial que joue le pays dans le trafic international de drogue.

Selon des sources de la Guardia Civil espagnole, trois bateaux impliqués dans des opérations de contrebande se sont heurtés vendredi soir, dans un affrontement qui a fait un blessé grave, désormais en état de mort cérébrale.

Les détails de l’incident révèlent la violence croissante qui caractérise les rivalités entre réseaux criminels opérant dans le détroit de Gibraltar. Deux des bateaux, transportant 7 trafiquants, attendaient au large d’Al Hoceima pour transférer une cargaison de haschich vers les côtes espagnoles.

Alors qu’ils se préparaient à effectuer leur mission, ils ont été attaqués par un troisième bateau, également impliqué dans le trafic, mais en provenance d’Espagne.

Cette attaque, apparemment déclenchée par une lutte pour le contrôle des routes maritimes, a entraîné un choc entre les embarcations, blessant plusieurs membres des équipages.

Le troisième bateau a rapidement pris la fuite, mais les trafiquants blessés ont été interceptés par la Guardia Civil espagnole à leur arrivée sur la côte de Sancti Petri, après avoir tenté de se disperser.

Le bilan humain est lourd, l’un des trafiquants a été déclaré en état de mort cérébrale, tandis que les autres ont été placés sous interrogatoire pour tenter de comprendre les circonstances exactes de l’incident.

UN TRAFIC DE PLUS EN PLUS STRUCTURÉ ET VIOLENT

Cet accident n’est qu’un énième épisode de la violence qui accompagne le trafic de drogue dans cette région stratégique.

Le Maroc, premier producteur mondial de cannabis, reste au cœur du réseau qui alimente l’Europe en haschich, via des routes maritimes et terrestres.

Les autorités marocaines, bien que conscientes de la situation, peinent à endiguer le phénomène, malgré des déclarations répétées sur la lutte contre le trafic.

Cette défaillance permet à des réseaux criminels, locaux comme internationaux, de prospérer et d’étendre leur emprise sur les régions côtières du pays, notamment autour d’Al Hoceima et de Moulay Bousselham.

Les autorités espagnoles, quant à elles, poursuivent leur combat contre les réseaux de contrebande qui inondent leur pays de drogues.

La Guardia Civil, qui a mené l’intervention, souligne l’ampleur du défi, une opération de contrebande qui implique des dizaines de trafiquants et de bateaux, souvent surnommés «bateaux fantômes», en raison de leur capacité à opérer en dehors de tout radar.

LE RÔLE CENTRAL DU MAROC DANS UN TRAFIC MONDIAL

L’ampleur du phénomène est telle qu’il ne se limite pas aux simples confrontations entre trafiquants. Il reflète une réalité bien plus vaste, celle du rôle central du Maroc dans un trafic de drogue qui touche l’ensemble du continent européen et bien au‐delà.

Les réseaux criminels marocains, en liaison avec des groupes internationaux, ont su exploiter les failles de la surveillance et les lacunes institutionnelles pour établir des routes de contrebande efficaces, permettant au haschich marocain de circuler librement à travers la Méditerranée.

Le gouvernement marocain, sous pression internationale, continue de promettre des actions fermes, mais ces engagements semblent insuffisants face à la force d’un système criminel profondément enraciné. Le trafic de drogue, alimenté par des bénéfices faramineux, continue de gangrener non seulement l’économie marocaine, mais aussi celle des pays voisins, notamment l’Espagne, qui devient chaque année une plaque tournante de ce commerce illicite.

À mesure que les réseaux criminels prennent de plus en plus de pouvoir dans les zones sensibles du Maroc, le coût humain et social de ce trafic ne cesse d’augmenter.

Un nombre croissant de jeunes Marocains se trouvent impliqués dans ce marché noir, soumis aux pressions des organisations criminelles. Le Maroc, tout en étant pris dans les mailles de son propre système de contrebande, risque de se retrouver davantage marginalisé dans une guerre contre la drogue dont il peine à sortir indemne. Cet incident tragique, bien que localisé, témoigne des tensions croissantes dans la lutte contre la criminalité organisée.

Il met en lumière non seulement l’ampleur du défi auquel sont confrontées les autorités marocaines, mais aussi la nécessité d’une coopération renforcée entre les États du bassin méditerranéen.

Le Maroc, en particulier, devra probablement reconsidérer sa stratégie de lutte contre le trafic de drogue, et l’Espagne, tout en poursuivant ses efforts de répression, ne pourra que constater la continuité du phénomène à moins d’une transformation radicale des pratiques sur le terrain.

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L'express quotidien du 10/03/2025

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