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Patrimoine algérien à l’UNESCO: Quand la gandoura et le henné font rayonner l’Algérie

L’année 2024 restera gravée dans les annales du patrimoine culturel algérien. Deux nouveaux éléments ont été inscrits sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO, le costume féminin (Gandoura) de cérémonie dans le Grand Est algérien et le henné, ce dernier en collaboration avec 15 autres pays arabes.

Ces reconnaissances internationales consacrent des traditions séculaires tout en consolidant la stratégie algérienne de sauvegarde de son héritage culturel. Début décembre, à Asuncion (Paraguay), lors de la 19ᵉ session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, l’UNESCO a validé l’inscription du dossier algérien consacré au « Costume féminin de cérémonie dans le Grand Est algérien : savoirs et savoir‐faire associés à la confection et à la parure de la Gandoura et de la Melehfa ».

Cette décision met en lumière une tradition vestimentaire riche, fruit d’un artisanat méticuleux transmis de génération en génération. Le dossier englobe une diversité d’éléments, du caftan au seroual, en passant par des accessoires tels que le khelkhal, le skhab ou encore la chachia besoltani.

Ces pièces, ornées de broderies et de bijoux finement travaillés, ne sont pas de simples vêtements, elles incarnent un art de vivre, une esthétique et des savoir‐faire multi‐séculaires propres à la région du Grand Est.

Portées lors de cérémonies telles que mariages et fêtes religieuses, elles témoignent d’une transmission ininterrompue, ancrée dans les dynamiques sociales et familiales. « Cette inscription est une victoire pour la mémoire vivante de l’Algérie. Elle reconnaît les efforts de nos chercheurs et artisans dans la préservation et la valorisation de notre patrimoine immatériel », s’est félicité un représentant du ministère de la Culture et des Arts.

Simultanément, un autre dossier collectif, intitulé « Le henné : rituels, esthétique et pratiques sociales », a rejoint la prestigieuse liste. Porté par 16 États arabes, dont l’Algérie, il célèbre une pratique millénaire associée à la féminité, aux rites de passage et aux célébrations festives.

Le henné, plus qu’un simple ornement, est un marqueur identitaire et un vecteur de liens communautaires. Des motifs tracés avec soin aux symboliques qui varient selon les régions, chaque application raconte une histoire.

Ce dossier a mobilisé pendant plus d’un an et demi des experts de toute la région arabe, chacun documentant les spécificités locales : ingrédients, techniques de préparation, motifs dessinés et significations rituelles.

L’Algérie, dans ce cadre, a contribué à la mise en avant des usages locaux du henné, notamment lors des mariages, naissances et cérémonies religieuses. Une pratique qui, au‐delà de sa portée esthétique, conserve également des vertus thérapeutiques et médicales, soulignant son ancrage dans les traditions populaires.

Depuis 2008, l’Algérie a vu plusieurs de ses éléments culturels immatériels obtenir une reconnaissance internationale, de l’Ahellil du Gourara (2008) au Raï, chant populaire (2022), en passant par les savoirs liés aux foggaras ou encore les rites de la Sebeiba dans l’oasis de Djanet.

L’Algérie a également brillé dans des dossiers collectifs avec des voisins africains et arabes, tels que le couscous (2020) ou encore la calligraphie arabe (2021). Ces inscriptions, tout en célébrant une diversité culturelle exceptionnelle, s’inscrivent dans une diplomatie patrimoniale subtile, où la préservation de l’identité nationale s’al‐ lie à des efforts de coopération régionale.

Ces reconnaissances internationales ne sont pas qu’un trophée. Elles s’inscrivent dans une stratégie plus large, menée par le ministère de la Culture et des Arts, visant à préserver et transmettre un patrimoine en constante évolution.

Au‐delà des cérémonies officielles, l’enjeu est de maintenir ces pratiques vivantes, de les faire résonner dans les nouvelles générations tout en les adaptant aux défis contemporains. Ainsi, le costume féminin de cérémonie et le henné, bien plus que des traditions figées, deviennent des vecteurs de dia‐ logue entre passé et futur, entre local et universel.

L’Algérie, en les portant à l’UNESCO, affirme haut et fort que son patrimoine immatériel n’est pas seule‐ ment une richesse nationale, mais une contribution essentielle à la mémoire culturelle de l’humanité.

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L'express quotidien du 03/02/2025

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