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Amina Salem Castaing, productrice: «Première ligne marque un retour à la comédie pour Merzak Allouache»

Amina Salem Castaing, productrice algérienne et co­fondatrice de la société de production Alpha Tango, a bien voulu répondre à nos questions. Nous lui exprimons notre sincère gratitude pour avoir accepté cet échange. Propos recueillis par Aïda Mouni

L’EXPRESS : COMMENT DÉCRIRIEZ-VOUS VOTRE EXPÉRIENCE DE TRAVAIL AVEC MERZAK ALLOUACHE SUR PREMIÈRE LIGNE ?

Amina Salem : Collaborer avec Merzak Allouache a été une expérience profondément enrichissante. Sa manière de travailler est marquée par une exigence constante et une vision claire. Il privilégie une approche directe, sans détour ni excès, en se concentrant sur l’essentiel.

Cette rigueur, parfois éprouvante, est contrebalancée par une justesse et une maîtrise qui inspirent le respect. Ce qui le distingue particulièrement, c’est son attachement à la simplicité et à l’authenticité, une démarche qui favorise un cinéma dépouillé, proche de la réalité.

Travailler à ses côtés m’a permis d’affiner ma compréhension du métier et de développer un regard plus précis sur l’importance des détails dans une œuvre.

COMMENT S’EST DÉROULÉE LA COLLABORATION INTERNATIONALE ENTRE LES ÉQUIPES FRANÇAISES, ALGÉRIENNES ET SAOUDIENNES SUR CE PROJET ?

Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, nous n’avons pas collaboré avec des équipes étrangères sur le tournage. L’ensemble de l’équipe technique et artistique était entièrement algérien, un choix qui s’inscrit dans une volonté de valoriser les compétences locales.

Cela dit, le film a bénéficié d’un soutien financier international, notamment du Fonds Red Sea en Arabie saoudite et du programme Aide aux cinémas du monde du CNC.

Ce financement s’est ajouté à celui du ministère de la Culture algérien et de l’Institut français d’Algérie. Une partie de la post‐production a cependant été réalisée en France, ce qui a permis de conjuguer des savoir‐faire locaux et internationaux pour aboutir à une œuvre aboutie et exigeante.

LA PLAGE, LIEU CENTRAL DU FILM, SYMBOLISE À LA FOIS UN ESPACE DE DÉTENTE ET DE TENSION SOCIALE. EN TANT QUE COPRODUCTRICE, COMMENT AVEZVOUS CONTRIBUÉ À CRÉER CETTE ATMOSPHÈRE AUTHENTIQUE À L’ÉCRAN ?

Tourner un film qui se déroule en une seule journée à la plage tout en ayant un tournage de 4 semaines a constitué un véritable défi. Pour recréer cette atmosphère estivale, nous avons filmé des scènes sur une plage bondée durant l’été, avant de revenir en novembre pour le reste du tournage, afin de bénéficier d’un cadre plus intime.

La météo en novembre n’était pas des plus clé‐ mentes, mais nous avons eu une chance inouïe. Nous avons commencé par les scènes intérieures durant la première semaine, quand il pleuvait, et dès que nous avons dû filmer sur la plage, le temps s’est miraculeusement amélioré.

Le film semble avoir été véritablement béni, puisque juste après notre dernier «coupé roulé», une tempête de grêle a frappé. Quant à l’atmosphère authentique, c’est avant tout le travail du réalisateur qui a permis de la capturer. Mon rôle était de m’assurer que tout était mis en place pour qu’il puisse obtenir exactement ce qu’il recherchait.

SELON VOUS, QU’EST-CE QUE « PREMIÈRE LIGNE» APPORTE DE NOUVEAU AU CINÉMA MAGHRÉBIN CONTEMPORAIN, ET COMMENT ESPÉREZ-VOUS QUE LE FILM RÉSONNERA AUPRÈS DES PUBLICS INTERNATIONAUX ?

Première ligne marque un retour à la comédie pour Merzak Allouache, tout en abordant des questions profondément ancrées dans notre société.

C’est un film qui s’éloigne des thèmes habituels liés à la guerre de libération et à la décennie noire, des sujets essentiels certes, mais qu’il est aussi important de diversifier.

Ce changement de registre permet d’offrir une perspective nouvel‐ le, tout en restant fidèle aux réalités sociales et humaines qui nous traversent. Merzak et moi‐même espérons que le film rencontrera un écho positif à l’international, mais ce que nous désirons par‐dessus tout, c’est qu’il trouve un véritable succès en Algérie. Nous souhaitons qu’il devienne un sujet de débat parmi nous et que le public choisisse de découvrir les films algériens en salle, loin des pratiques de piratage.

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L'express quotidien du 10/03/2025

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