Le gouvernement français a réagi aux déclarations du président Abdelmadjid Tebboune sur son homologue Emmanuel Macron. Lors d’une intervention sur un plateau de télévision français, la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, a souligné l’importance de ce geste et insisté sur la nécessité de renouer un dialogue direct entre Paris et Alger.
« J’ai entendu ce matin que le président Tebboune avait adressé un signe à Emmanuel Macron. C’est une bonne chose. C’est une manière de renouer le dialogue et d’échanger sur les sujets sensibles », a-t-elle déclaré.
Elle a ajouté que la France restait attachée à une relation bilatérale stable et « normale» avec l’Algérie, en rappelant que la diplomatie reposait avant tout sur la communication et la concertation.
« Il y a la mission du ministre des Affaires étrangères (…) qui est responsable de toute la partie internationale et qui doit garder le contact avec l’Algérie », a-t-elle précisé. «On ne peut pas trouver de solutions si l’on ne parle pas avec l’Algérie. Il faut donc sortir de cette affaire par le dialogue », a-t-elle conclu.
Cette déclaration intervient dans un contexte où les relations entre les deux pays ont été marquées par des tensions récurrentes, notamment sur les questions mémorielles, les restrictions de visas, ainsi que certaines divergences diplomatiques. En dépit de périodes de crispation, plusieurs initiatives ont été entreprises ces dernières années pour tenter d’apaiser ces tensions.
Les médias français optimistes
En France, où les relations avec Alger sont régulièrement au centre du débat public, les déclarations du président Abdelmadjid Tebboune lors de son entretien avec la presse nationale ont suscité des réactions immédiates, tant au sein du gouvernement que dans les médias. Affirmant qu’Emmanuel Macron restait son « seul interlocuteur » côté français, le chef de l’État a adressé un message clair, qui a été interprété comme un signe d’ouverture par plusieurs observateurs.
Dans la presse française, le ton adopté pour analyser ces déclarations reflète différentes approches de la relation franco-algérienne. Le Nouvel Observateur titre ainsi que « le Président algérien tente de calmer le jeu », tandis que L’Humanité met en avant un discours tourné vers « l’apaisement et le dialogue ».
D’autres médias ont insisté sur la posture de confiance adoptée par Alger. RTL titre que « Abdelmadjid Tebboune garde confiance en Emmanuel Macron », tandis que Le Point évoque une stratégie visant à « jouer la carte de l’apaisement ». TV5 Monde, pour sa part, souligne que le chef de l’État algérien a adressé « un appel à la diplomatie ».
Même CNews, dont plusieurs figures médiatiques ont exprimé des positions critiques à l’égard de l’Algérie ces derniers mois, relève que « le président algérien se montre optimiste ».
Interrogé sur les tensions récentes, Abdelmadjid Tebboune a précisé que la question des relations bilatérales devait être traitée directement entre les présidents des deux pays. « Deux États indépendants, une puissance européenne et une puissance africaine, et deux présidents qui travaillent ensemble. Tout le reste ne nous concerne pas », a-t-il déclaré.
Cette position s’inscrit dans un contexte où plusieurs responsables politiques français ont exprimé des points de vue divergents sur l’Algérie. Dans un discours récent, le président Macron a rappelé que les accords de 1968 relevaient de sa seule prérogative, tandis que d’autres membres du gouvernement ont adopté un ton plus ferme sur les dossiers migratoires et diplomatiques.
Les déclarations du président Tebboune interviennent alors que les relations franco-algériennes ont traversé plusieurs épisodes de « tension» ces derniers mois, notamment sur les questions mémorielles et diplomatiques. L’ouverture affichée par Alger pose désormais la question de la réponse de l’Élysée et des prochaines étapes qui pourraient marquer la relation entre les deux pays.
L’ancien ambassadeur de France aux États-Unis, Gérard Araud, a également commenté la sortie du président algérien, la qualifiant de preuve de « sagesse ». Dans un message publié sur le réseau social X, il a souligné l’importance d’éviter « une escalade qui ne mènerait nulle part et qui ne servirait que les ambitions personnelles d’un ministre ».
