Peut-on concevoir et mettre en œuvre une politique d’enseignement supérieur sur la base d’un modèle d’université produisant de la main d’œuvre qualifiée, en quantité et en qualité et au moindre coût orienté quasi exclusivement par des attentes de l’environnement socioéconomique ?
La question se pose d’autant plus que dans les relations éducation-économie, le système d’enseignement a toujours une logique et des caractéristiques propres qui fondent le principe du décalage structural entre le système d’enseignement et l’appareil économique qui donne son fondement objectif aux jeux stratégiques des agents.
Mais en répondant par l’affirmative, les réformateurs issus de différents ministères (industrie, énergie, etc.) dont celui de l’enseignement supérieur, ont confirmé le choix précoce d’une politique de formation adéquationniste qui a guidé continuellement la formation des cadres avec une vision fonctionnaliste et économiste.
Conscient de cette réalité, le département de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique s’est fixé la priorité d’adapter le système LMD aux développements enregistrés à travers sa mise en phase avec les spécialités demandées par le marché du travail. C’est ce qu’a affirmé Abdelbaki Benziane, premier responsable de ce département clé estimant qu’il Il devient inconcevable de maintenir ce système dans le schéma de son lancement en 2004. D’où, a-t-il précisé, la démarche engagée pour son amélioration et permettre à l’Université de devenir une véritable locomotive de l’économie nationale.
Dans une interview accordée à l’APS, Benziane a précisé que cette entreprise s’inscrit dans le cadre de la série de mesures prévues dans la mouture du projet de loi sur l’Enseignement supérieur, qui sera examinée prochainement par le Gouvernement, soulignant que son adoption constituera un bond qualitatif en matière de gestion de l’université algérienne.
A vrai, l’idée en soi n’est pas nouvelle puisqu’avant Benziane plusieurs ministres ont tenté de démarches à même de mettre sur le même diapason, marché de travail et formation supérieur, il reste juste que la démarche projetée par l’actuelle ministre se veut un travail de fond cadré en arrière fond des échecs hérités des anciennes stratégies mises à contribution et dont les résultats se sont soldés par des blocages autant pédagogiques que bureaucratiques.
En effet, très tôt, dans l’urgence et dans le cadre d’un premier processus de professionnalisation des programmes de formation ont été conçus et appliqués au sein d’Instituts technologiques et de grandes écoles pour répondre aux besoins d’un projet d’industrialisation et de développement économique et administratif. Dans une relation quasi triangulaire produit d’une division des tâches entre des experts chargés de la professionnalisation, des cadres gestionnaires des instituts et des employeurs qui définissaient leurs besoins, s’est mise en place une configuration nouvelle pour la formation rapide de cadres, ingénieurs et techniciens supérieurs, d’où l’adoption du système LMD.
Mise en place du système LMD, un passage hâtif impensé
L’enseignement supérieur algérien bénéficie certes d’un meilleur financement étatique et inscrit un plus grand nombre d’étudiants, en très grande majorité des étudiantes à l’Université, dans des structures entièrement publiques disséminées sur l’ensemble du territoire. Il y a pratiquement une Université ou centre universitaire par wilaya ou département. Le réseau de laboratoires de recherche est tout aussi dense, mais le niveau de production scientifique est mal classé aux niveaux régional et international. A l’instar des autres pays, l’architecture, les orientations pédagogiques et même des dispositifs nouveaux sont conformes aux normes internationales.