Le récit des préjudices commis à l’encontre du foncier agricole en Algérie reste encore à écrire. Les révélations faites lors des récents procès de corruption impliquant des hommes d’affaires et des hauts responsables de l’état où il a été dévoilé la déclassification et l’attribution au dinar symbolique de quelque 250 000 hectares à vocation agricole au profit d’hommes d’affaires proches du régime déchu, n’est que la partie visible de l’iceberg du pillage foncier .
Déjà que l’Algérie ne dispose que de 4% de surface agricole utile sur les 238 millions hectares qui forme l’ensemble de son territoire, ces déclassifications inopportunes et ces attributions clientélistes qui ne profitent qu’aux bénéficiaires ne peuvent être perçues que comme des opérations antinationales. Déclassifier un terrain agricole au profit d’un particulier ou lui en attribuer pour qu’il le laisse en jachère ou le transforme en propriété privée où encore l’utilise comme garantie pour obtenir des crédits faramineux et rouler sur des milliards en quelques tours de passe-passe, est tout simplement abject !
Le drame est que les ministres de l’époque nous présentaient ces pilleurs comme des investisseurs porteurs de projets structurants ! Que d’hectares de terre fertile acquis par de « faux investisseurs » laissées en friche! Que de concessions agricoles transformées en propriétés privées!
Le mal est profond et sans un assainissement total et urgent de ce dossier, il ne fera que s’aggraver avec les conséquences fâcheuses que l’on peut deviner. Le ministère de l’agriculture vient de lancer une nouvelle campagne de récupération des terres agricoles et autres biens relevant du secteur cédés au dinar symbolique à des hommes d’affaires et qui n’ont jamais été exploités dans les investissements auxquels ils étaient destinées.
C’est une bonne chose, à condition que cette opération soit menée de main ferme et jusqu’à son terme pour donner du sens à la lutte en cours contre la corruption. Le dispositif juridique garantissant la sécurisation foncière existe et doit être appliqué pour ne plus livrer à l’avenir le foncier agricole au béton où à l’exploitation fictive.
Le ministre de la justice a fait état dernièrement de la récupération à travers le territoire nationale de quelque 1 994 hectares attribués de façon illégale dans le cadre de contrats de concession. Gageons que d’ici la fin de l’année en cours d’autres milliers d’hectares seront récupérés et redistribués à de véritables exploitants qui participeront réellement au développement du secteur agricole et à l’effort national de sécurité alimentaire .