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Alger

Les fruits hors de portée de l’Algérien moyen depuis le début de ramadan: Demain, tu mangeras des oranges, mon fils !

Les pêches qui se prennent pour des perles (2000 dinars/kilo), on connait l’histoire, mais les autres fruits sont tout aussi inaccessibles. Parlons d’oranges, puisque l’Algérie est, par excellence, le pays des oranges. Là aussi, les Algériens ne mangent plus d’orange, au pays des oranges. Et pour cause : mise hors de portée du salarié moyen, elle est hors de prix. La belle orange se vend à 400 dinars le kilogramme. Dans un pays qui était exportateur d’oranges, il n’y a pas fort longtemps, c’est une aberration. Dans un pays qui faisait de l’excédent dans la récolte d’orange, c’est aussi et surtout un paradoxe.  

Ce n’est pas uniquement le problème de la cherté du kilogramme de l’orange, puisque la pastèque et le melon se vendaient à 150 dinars le kilo et près de 1.000 dinars la pièce, la banane à 350-400, les dattes entre 700 et 1.000 DA et les cerises à 1.300 dinars. De ce fait, la classe moyenne rejoint la classe pauvre et regarde passer les oranges sous ses yeux. 

Il y a plus d’un siècle, l’orange algérienne connaissait son essor en s’exportant vers l’Europe. La vaste plaine de la Mitidja produisait les plus belles oranges du monde. En 1850, les premières expéditions d’oranges submergeaient l’Europe et s’ouvraient de nouveaux horizons d’exportation vers les Etats Unis, plus grand pays consommateur d’agrumes. Le revenu d’un hectare d’agrumes était alors évalué à 800 francs.

Alger expédiait, à elle seule, 1.300 quintaux, et la progression allait, désormais, se poursuivre avec régularité. En 1913, 4.000 hectares d’orangeraies alimentaient une exportation de 100.000 quintaux. Quinze ans après, en 1928, ces chiffres sont portés respectivement à 8.000hectares et 220.000 quintaux.

L’Algérie comptait 6 p.100 de la production mondiale d’agrumes, avec de plus vastes débouchés qui s’offrent encore à de nouvelles plantations. 

A partir de 1962, l’orange de Boufarik avait acquis une renommée mondiale et s’exportait facilement. Son prix, maintenu toujours bas, permettait à tous les Algériens d’en acheter à profusion : jus, confiture et assaisonnement, complétaient la variété des débouchés de ce fruit populaire, devenu en 2021 à la portée des seuls nantis.

Il n’y a pas quinze années, l’orange était encore le fruit de toutes les couches du peuple. Orange de Boufarik -la meilleure-, orange amère, orange sanguine s’offraient à nous et étaient presque données. 

Depuis 2014-2015, la qualité d’orange la plus basse était vendue à 150 dinars. Le temps changeait sous de nouveaux responsables du secteur agricole, pourtant le soleil d’Allah reste le même… 

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