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Alger

Sites attaqués, comptes piratés, fake news et parajournalisme: Propagande numérique

Le président Tebboune a été tué plusieurs fois, le comédien Souilah, une fois, la réalisatrice Rym Ghazali, deux fois avant sa véritable mort, des pénuries se sont déclenchés sur des coups d’annonce, etc. La liste est longue, très longue.  

A peine peut-on lire sur les réseaux sociaux : « Plus de semoule ! », « plus d’huile ! », et c’est tout le monde qui s’échine à remplir les chambres, la cuisine, les placards et même le hall de semoule et d’huile, créant une véritable pénurie cette fois-ci. 

Récemment, les universités ont été instruites de se prémunir contre d’éventuelles attaques et piratages ; les données devaient être hermétiquement protégés. De même, les sites des institutions de l’Etat cadenassent leurs comptes : mots de passe et codes d’accès sont hermétiquement vérifiés et verrouillées. Sur le Net, c’est la guerre silencieuse. Mais une guerre ou souvent le faux est indissociable du vrai. 

Des anglicismes comme fakenews et deepfakes font désormais partie du langage usuel des utilisateurs d’Internet. Rumeurs, fausses infos, montages photos et vrais-fausses vidéos polluent les espaces sociaux sur Internet. 

En 2020, le confinement avait rendu une presse déjà claudicante dépendante de Facebook et des réseaux sociaux, mais après le déconfinement de 2020, certaines pratiques s’étaient totalement soudées à Internet mettant sur les rails la propagande à grande échelle. 2021 devait confirmer la tendance.

La paresse des professionnels de l’information, déjà apparente depuis des années, mettait définitivement la nouvelle vague de journalistes sous la dépendance des facebookers. On ne prenait plus la peine d’aller faire un saut dans la vie réelle, mais on consultait allègrement son smartphone pour évaluer, juger et décider. Le rabaissement général du niveau des médias et l’abrutissement dans lequel sont tombés les usagers des réseaux sociaux ont fait le lit de ces traficants du Net, qui dès lors, pouvait faire ingurgiter toutes sortes de balivernes aux petits esprits guère rompus à la science de l’information.

Les facilités d’accès à Internet, de former et déformer des mots, des images ou des vidéos a créé une nouvelle équipe de Don Quichotte, autoproclamés redresseurs de torts, qui, tel Don Quichotte sur sa Rossinante (son clavier et son savoir-faire informatique), s’en allaient allègrement combattre dans de fausses guerres, sous de faux drapeaux.  

Bonjour la guerre à la République et aux suppôts du gang ; et même si le gang n’existe pas, il faut le créer. Le romantisme juvénile – et moins juvénile – aidait à créer cette élite de Facebookers et de YouTubers à la pointe du combat. Haro sur fin de la République. Des attentats se fomentent ; des groupuscules champignonnent partout ; gagnent la bataille idéologique ; pénètrent les principaux mouvements de contestations, réduisent au silence des personnalités par des révélations faisandées et saccagent les institutions.

La société craquelle sous la poussée de la « dissidence », qui, elle, s’organise. Leurs sites fermés, ils en ouvrent de nouveaux. Les trolls informatique font florès,  la propagande numérique gagne du terrain.

Il est vrai que tout cela n’est pas propre à l’Algérie ; à une strate politique et sécuritaire plus haute, l’Iran a constaté la disparition de 55 000 documents concernant des projets nucléaires, pillés par des cyberattaques du renseignement israéliens, et l’ex-président Trump s’inquiétait de l’emprise des fakenews qui parasitaient ses décisions. 

L’Emprise de la désinformation n’est pas le lot de l’Algérie. Dans un ouvrage excellent, écrit par Fabrice Fries, le PDG de l’Agence France-Presse, titré justement « L’Emprise de la désinformation », l’auteur pose un regard de praticien sur un phénomène qui met au défi les démocraties. L’année 2020 aura été marquée par une épidémie de désinformation sur les réseaux sociaux, dans les médias, et jusque sur les bancs de l’Assemblée nationale, où les théories du complot ont trouvé des porte-parole. Pour le PDG de l’Agence France-Presse, la désinformation, devenue notre quotidien, exerce une emprise croissante sur les esprits, et sur nos démocraties. 

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