Deux années et demi après le déclenchement de la guerre d’indépendance, les étudiants et lycéens algériens répondant à l’appel à la grève lancé par l’Union générale des étudiants musulmans algériens (UGEMA) créée à Paris en 1955, désertent les bancs des lycées et des universités pour rallier les rangs de l’ALN.
Rien qu’au niveau de la wilaya IV historique, quelque 157 étudiants sont montés au maquis quelques jours seulement après le déclenchement de la grève. Intervenue exactement le 19 mai 1956, cette action, tout en mettant fin aux espoirs de la France coloniale à assimiler les élites algériennes, a également anéanti la propagande coloniale qui présentait la glorieuse révolution du peuple algérien comme une vulgaire rébellion d’une poignée d’agitateurs. En choisissant de sacrifier leurs études et leur avenir professionnel pour s’engager pleinement dans le combat libérateur, ces lycéens et étudiants ont donné un formidable exemple de la maturité politique acquise par la jeunesse algérienne en cette période de guerre où la machine propagandiste et guerrière du colonisateur battait son plein.
« Avec un diplôme en plus, nous ne ferons pas de meilleurs cadavres ! A quoi donc serviraient-ils ces diplômes, qu’on continue à nous offrir, pendant que notre peuple lutte héroïquement… pour le monde qui nous observe, pour la nation qui nous appelle, pour le destin historique de notre pays, serions-nous des renégats ? »,ces quelques mots tirés de l’appel à la grève de l’UGEMA témoignent, en effet, de cette maturité à prioriser la cause du peuple et le devoir national sur toute autre considération.
Les historiens qui considèrent cet engagement des lycéens et étudiants dans la lutte politique et armée comme un événement crucial qui a apporté un sang revivifiant à la révolution ont tout à fait raison. Le niveau d’instruction et les compétences de ces nouveaux arrivants au maquis ont permis de mieux faire connaitre auprès de la communauté internationale les raisons de la révolution algérienne et de contrecarre la propagande des forces coloniales qui ne cessaient, à travers leur médias, de diaboliser les combattants algériens qualifiés de toutes sortes de noms. La date du 19 mai 1956 restera pour toujours une date qui témoignera sur le sens du don de soi et de l’amour de la patrie. Nos lycées et notre communauté universitaire, ouverts actuellement à toutes sortes d’influences, doivent s’imprégner de cet héritage, pour mieux servir le pays et participer activement à l’édification de la nouvelle Algérie.