Depuis plusieurs mois, avec l’appui de l’allié israélien, le Maroc opère des menées souterraines pour s’entourer d’un maximum d’alliés au sein des instances internationales, et pour se donner de la légitimité. L’UA, l’ONU, le FMI, la Banque mondiale, même les instances sportives internationales comme la FIFA et la CAF n’y échappent pas. Tout passe. L’arme absolue : l’argent.
A la base, le soudoiement, la connivence, aucune limite n’est respectée, aucune morale non plus. A la guerre comme à la guerre, tous les coups sont permis pourvu qu’on arrive à point nommé. Hommes politiques, chefs de partis, rapporteurs des ONG, Journalistes (français, belges, américains, et britanniques, notamment), eurodéputés, fonctionnaires de la Minusma, de l’ONU, délégués onusiens, sportifs et comédiens ; tout le monde est passé par la « caisse noire » de la DGED.
La machine médiatique, diplomatique et politique n’aura pas servi à grand-chose jusqu’à présent. Le Maroc avait misé sur un appui inconditionnel américain et israélien pour s’imposer de fait ; mais c’était sans compter sur l’opinion publique internationale qui fait balancer les choses vers leur juste point. Ainsi, pour le Maroc, une importante machine de guerre avait été mise sur rails. L’Algérie est au cœur du dispositif. Depuis le début du conflit avec le Polisario, Rabat a essuyé un échec cuisant dans l’incitation des pays européens à légitimer l’occupation du Sahara occidental. L’aide d’Israël n’a pas suffit.
Les journalistes semblent être les maillons les plus faciles à soudoyer pour la DGED. Les mercenaires du Front Polisario dans les rangs des Kadhafistes, c’était le Makhzen qui l’avait soufflé dans l’oreille attentive du CNT. Le soutien logistique d’Alger à Kadhafi, c’était aussi une création des services marocains. L’attaque de l’ambassade algérienne à Tripoli, c’était aussi une idée du Makhzen dont le but était de trouver des documents compromettants. Le jeu est malsain, mais c’est de bonne guerre…
Si des journalistes comme José Garçon, Mireille Duteil, Chema Gil, Lara Marlowe, ou Robert Fisk, sont des « collaborateurs » intéressés du renseignement marocain, d’autres revues et journaux dits spécialisés sont tout aussi bien rémunérés par Ahmed Charaï, agent de la DGED marocaine. Le « journaliste » français Vincent Hervouet avait été par le passé une des plus zélées plumes du Palais. Quatre journalistes occupant des postes importants dans des médias français : Dominique Lagarde, ancienne rédactrice en chef adjointe au service Monde de L’Express, José Garçon, ancienne journaliste à Libération, Mireille Duteil, ancienne rédactrice en chef du Point et actuelle éditorialiste, toutes trois spécialisées dans la couverture du Maghreb, ainsi que Vincent Hervouët, éditorialiste de politique étrangère sur TF1 et LCI et présentateur d’une émission quotidienne, « Ainsi va le monde », ont « travaillé » pour le Maroc et encensé ses positions au détriment de l’Algérie, du Polisario et de la vérité. Dénoncé par Wikileaks, tous ces parajournalistes ont vu leur carrière brisée net.
Diplomates et rapporteurs onusiens et africains sont dans la ligne de mire de la diplomatie corruptrice du Maroc. Récemment, le Maroc a mené d’intenses actions de lobbying auprès des responsables kényans et africains afin d’annuler la réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (CPS) sur le Sahara occidental, a rapporté samedi le quotidien kenyan « Nation ». Le journal a dévoilé des aspects des manœuvres cachées des services marocains qui ont tenté d’exercer une pression notamment sur le chef du mouvement démocrate orange (ODM), le Kenyan Raila Odinga qui est actuellement le Haut représentant de l’Union africaine (UA) pour le Développement des infrastructures, afin de le persuader d’intervenir auprès du président kényan pour empêcher ou reporter la réunion.
On se rappelle des pressions opérées sur Ross, lorsqu’il avait en charge le dossier Sahara occidental. L’argent ayant été inutile face à ce politicien de haut niveau moral, d’autres moyens ont été utilisés pour l’éloigner du dossier. Ce n’était pas le cas, malheureusement, pour un Athar Khan. Les documents de l’Ambassade marocaine à Genève à propos des services rendus par Athar Khan à ses nouveaux maitres ont été édifiants sur le sujet.
Dans le même document du 18 octobre 2012, Hilale souffle à ses supérieurs du renseignement marocain une information secrète sur des actions de lobbying entreprises par Khan auprès des Américains, pour qu’ils le soutiennent dans son désir de remplacer Christopher Ross au poste d’Envoyé personnel pour le Sahara occidental. On se rappelle que le Maroc avait déjà, en cette période, commencé sa campagne de dénigrement contre Ross, pour le pousser à quitter son poste comme son prédécesseur américain, James Baker. L’acte d’espionnage de Khan contre Ross et le Front Polisario est pleinement confirmé par les documents de l’ambassadeur marocain mentionnés.
L’ « affaire Kompass » avait, en son temps, constituée un cas d’école. Dans une note envoyée au MAE marocain, l’ambassadeur du Maroc à Genève transmet le désir d’Anders Kompass de changer les dates de sa visite au Sahara Occidental pour ne pas permettre à Wolfgang Weisbrod-Weber, Représentant spécial du SG de l’ONU pour le Sahara et chef de la MINURSO de participer aux réunions programmées par Kompass. On connait la suite de l’affaire. Ainsi que les noms des agents onusiens ou africains chargés de mener des missions au profit de la légitimité et de la légalité, mais qui se sont convertis en « agents double », travaillant en sous-sol au profit de la DGED et des intérêts marocains.
Au final, le renseignement marocain n’a pas perdu beaucoup d’argent, puisqu’il s’en approvisionnait auprès des barons de la drogue, qui lui renvoyaient des sommes pharamineuses ; mais sur le plan politique, le Maroc s’est gravement compromis auprès des Etats et des institutions, comme il s’est également sérieusement discrédité en pensant que par le seul outil des « caisses noires » il pouvait changer le cours des événements…