Les usagers de la pénétrante autoroutière ainsi que la RN 26 et les habitants des localités limitrophes dans la daïra de Timezrit ont vécu la semaine écoulée trois jours de forte pression et de stress en raison de l’action de blocage de la circulation organisée par les habitants du village agricole relevant de la commune Fenaia-Il Maten.
Les automobilistes contraints à contourner les axes bloqués ont dû se rabattre sur le CW13, le CVO2… non adaptés à recevoir un tel flux de trafic. Des embouteillages monstres ont été enregistrés durant toutes ces journées sur les chemins de secours empruntés par les automobilistes et à l’intérieur des villages traversés par ces chemins.
Des accidents, heureusement sans gravité, ont même été signalés çà et là sur les chemins de traverse utilisés par les automobilistes pour rejoindre leur destination.
Depuis maintenant une vingtaine d’années, ce genre de spectacle se répète régulièrement dans la wilaya de Bejaïa en suscitant colère, dépit et incompréhension chez les citoyens indignés devant tant d’anarchie. Les autorités refroidies par l’épisode du printemps noir, restent souvent sans réaction devant ces fermetures de route et préfèrent laisser le soin aux citoyens eux-mêmes pour les régler.
Pour les autorités toute intervention des forces de l’ordre ne peut que provoquer des émeutes qui peuvent déraper, comme c’est le cas en 2001, aussi préfèrent-elles user de pourparlers avec les protestataires que de recourir à la force pour faire respecter la loi. Ce que beaucoup de citoyens jugent irrecevable, car cette façon de faire ne fait qu’encourager le recours à ce genre d’actions avec tous les désagréments et les pertes économiques qu’elles génèrent pour la région.
Depuis des mois, plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer le mutisme et la passivité des autorités, notamment du wali, devant les coupures de route intempestives et récurrentes mais rien n’est fait dans le sens d’en finir avec cette anarchie qui fait peser de lourd périls à l’avenir de la wilaya.
Laisser des manifestants fermer quand bon leur semble des routes, des rails, des sièges d’administration sans réagir dans le sens de faire respecter la loi est la meilleure manière de montrer comme le répètent souvent les citoyens «que l’État est totalement absent».
Sans pour autant dédouaner les protestataires de leur responsabilités, la majorité des citoyens sont unanimes à dire que les premiers responsables de la récurrence de ce fléau se sont les pouvoirs publics. Pourquoi ne prennent-ils pas en charge les problèmes exposés par les citoyens à temps ? Pourquoi promettent-ils des choses qu’ils ne concrétisent pas ? Pourquoi laissent- ils les situations aller jusqu’au pourrissement pour ensuite régler les problèmes exposés ? Pourquoi n’a-ton pas établi un arrêté interdisant la fermeture des routes et des édifices publics? S’interrogent à juste titre, les citoyens à ce sujet.
Le fait de prendre en charge et immédiatement un problème soulevé par des citoyens ayant recouru à la fermeture d’une route ou d’un siège d’une administration est déjà une invitation à tous les autres citoyens d’en faire autant pour se faire entendre. Pour tout le monde, cette façon de gouverner ne peut que déboucher sur des situations encore plus compliquées et plus graves. Car, maintenant, c’est bien ancré dans les esprits que le meilleur moyen de se faire entendre des pouvoirs publics, c’est le recours à des actions illégales et violentes. Si on n’en finit pas et au plus vite avec ce genre de gouvernance, cela ne peut mener qu’à la ruine.
Les citoyens ont besoin de franchise, de discours de vérité, de préoccupation réelle des pouvoirs publics pour leurs souffrances ; ils en ont marre de la démagogie, des promesses sans lendemains, de responsables qui n’ont aucune notion de l’intérêt public… Il suffit donc aux responsables d’être francs avec les citoyens, de mener convenablement la mission qui leur est échue et de veiller scrupuleusement au respect de la loi, et l’ordre régnera certainement.
