Après avoir « commis » un article dur à l’égard de l’Algérie, et qui lui a coûté un droit de réponse de la part de l’ambassade d’Algérie à Paris, Antar Daoud, le quotidien français « Le Monde », qui pourtant se présente comme proche des thèses arabes et des Palestiniens, revient à de meilleures dispositions.
Ainsi, il annonce qu’après la parenthèse « Barkhane », Alger pourrait jouer un nouveau rôle au Sahel après la fin annoncée par Emmanuel Macron de l’opération antidjihadistes «Barkhane».
Il faudra compter avec le retour de l’Algérie dans les affaires régionales, après des années d’effacement, a rapporté le journal « Le Monde ». Les autorités algériennes ne manquent pas une occasion de répéter le message, la dernière en date étant une déclaration du président Abdelmadjid Tebboune a Al-Jazeera qui a fait sensation. «L’Algérie était prête a intervenir d’une manière ou d’une autre en Libye», a révélé mardi 8 juin le chef d’Etat algérien a la chaîne qatarie. Tebboune faisait référence a la mise en garde qu’il avait lui-même lancée en janvier 2020 au plus fort de la «bataille de Tripoli» (avril 2019-juin 2020) quand la capitale libyenne était assiégée par les forces assaillantes du maréchal Khalifa Haftar. Il avait a l’époque évoqué «une ligne rouge» a ne pas franchir.
Dix-huit mois plus tard, il assure a Al-Jazeera que l’avertissement n’était pas que rhétorique. «Nous n’acceptons pas que la capitale d’un pays maghrébin et africain soit occupée par des mercenaires, a-t-il précisé. Nous ne pouvions pas rester les mains croisées. Le message a atteint les destinataires concernés.» Tebboune ne précise pas l’identité des « mercenaires » mentionnés. L’offensive anti-Tripoli avait finalement été repoussée grace au soutien militaire décisif de la Turquie aux autorités de l’époque, le gouvernement d’accord national de Faïez Sarraj.
Le rappel par Tebboune lui-même de l’épisode n’est pas anodin. Il reflète la volonté d’Alger de redonner de la voix dans le concert régional alors que la fin du mandat de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika (1999-2019) avait consacré une éclipse de l’influence algérienne dans la région. «L’Algérie veut reconquérir sa puissance diplomatique, notamment dans la région du Sahel», écrit le 10 juin le quotidien officiel El Moudjahid. Si Alger vit dans la nostalgie de sa diplomatie flamboyante des années 1970, époque où la capitale algérienne rayonnait de son tiers-mondisme militant, la doctrine de son action extérieure a dû s’adapter a l’évolution de l’environnement stratégique.
Intervention physique jugée peu vraisemblable
En témoigne la révision constitutionnelle adoptée par référendum le 1er novembre 2020. Pour la première fois depuis l’indépendance de 1962, la Loi fondamentale algérienne se réfère expressément a «l’envoi d’unités de l’armée nationale populaire a l’étranger», a rebours de la tradition de non-interventionnisme dont le pays s’était jusque-la fait le héraut. Certes, une telle projection sur des théâtres militaires extérieurs est encadrée dans la Constitution révisée. Elle est décidée par le chef de l’Etat après approbation des deux tiers de chaque Chambre du Parlement (article 91). En outre, une participation a des missions de maintien de la paix est rendue possible «dans le cadre du respect des principes et des objectifs des Nations unies, de l’Union africaine et de la Ligue arabe» (article 31). L’inflexion n’en est pas moins réelle.