Qu’un ex-député, ex-chef des patriotes de sa région et « tête d’affiche » connue de la Kabylie lance des fadaises à gauche, à droite, est une chose, mais que le journaliste chargé, en principe, de modérer l’entretien, de cadrer son invité et de faire des coupes sur le montage final laisse passer, par deux fois, pendant l’entretien et pendant le montage, des inconvenances politiques et historiques, ç’en est une tout autre histoire.
En fait, les erreurs commises lors de l’entretien avec Noureddine Aït Hamouda sont nombreuses ; ni l’intervieweur ni l’interviewé n’étaient qualifiés pour disserter sérieusement sur des sujets qui les dépassaient sans aucun doute. Les deux acteurs du plateau présentaient des déficits sérieux en matière d’Histoire récente de l’Algérie ; en plus il y a des fondamentaux à révérer, et l’Emir Abdelkader fait partie des fondamentaux de l’Algérie ; un cran en moins, Boumédiène fait également partie des fondamentaux de l’Etat algérien récent. Les deux hommes, ainsi que d’autres fondamentaux encore, constituent un socle qu’on soulève avec sagesse et pondération, non pas avec désinvolture et légèreté. Au final, les mots dits, les propos « avalés » et non rejetés à la face de son auteur, sont tout deux répréhensibles.
L’entretien, la manière dont il a été mené, les accusations portées, les réquisitoires propagées et les propos entendus et qui ont passés sur le journaliste comme passe l’eau sur les plumes d’un canard, laissent en réalité perplexe.
Mais au fond, tout cela rend à une évidence que le ministère de tutelle doit prendre en ligne de compte. Le niveau des journalistes ne cesse de s’enfoncer, au point de devenir un problème d’insalubrité publique. La masse des nouveaux recrutés dans les médias ces dernières années a été nivelée par et pour le bas. Aucune formation sérieuse au sein de l’entreprise qui les embauche; les mettant vite, pour un salaire minable, au devant de l’écran sur la base de leur seul bagout et leur minois. Jetés ainsi pieds et mains liés dans un salle de rédaction ou sur un plateau de télévision, ils ne peuvent livrer qu’un image piètre et affligeante de ce que peut être un journaliste lui-même mal formé, à moment où la corporation a besoin de « têtes » puissantes pour répondre à la guerre cybernétique dont l’Algérie est la cible privilégiée ces derniers temps de la part de la communauté qui détient le pouvoir informationnel dans le monde.
L’argent engrangé par le biais des recettes publicitaires de l’Anep pouvait pourtant servir à programmer des cycles de formations au sein des journaux et des rédactions qui ont en besoin. Le ministère de tutelle doit vite prendre en ligne de compte cet impératif de salubrité informationnelle et nationale.