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Mohamed Boudiaf fût assassiné le 29 juin 1992: Près de 30 ans plus tard, il reste encore des « zones d’ombre »

«Quand on regarde ces pays qui nous ont devancé, avec quoi ils l’ont fait ? Ils nous ont devancés avec la science et la technologie. L’islam…». Ce seront les derniers mots prononcés par l’ancien chef de l’Etat Mohamed Boudiaf, avant qu’il ne soit froidement assassiné le 29 juin 1992, lors d’un meeting à la maison de la culture d’Annaba.

Cet homme est mort mais son âme demeurera éternelle dans l’histoire de l’Algérie. Ce héros de la guerre d’indépendance, détenteur de la carte « numéro 1 » du FLN, le parti à l’origine de la guerre de libération nationale, est mis à l’écart en 1962 au profit d’Ahmed Ben Bella puis rapidement emprisonné et sommé de quitter l’Algérie. Il s’installe à Kenitra, au Maroc.

Après le premier tour des élections législatives, Boudiaf refait surface en décembre 1990. La scène politique était marquée par la victoire des islamistes du Front Islamique du Salut qui balaye le FLN au pouvoir. L’armée réagit rapidement. Le président Chadli Bendjedid est contraint de démissionner, et il faut une figure à la fois respectée et « neuve ».

Après quelques jours d’hésitations, Mohamed Boudiaf accepte et reçoit des pouvoirs provisoires le 16 janvier 1992. Il lance alors un combat sur deux fronts à la fois : contre les islamistes et contre la corruption omniprésente dans l’administration.

Quelques mois après, Boudiaf s’est rendu à Annaba pour dénoncer la corruption du régime en ce temps-là et mettre au rancart quelques « profiteurs et incapables », prenant prétexte du danger islamiste pour se maintenir au pouvoir. Mais ce jour-là, rien ne se passait comme il l’a prétendu. Un sous-lieutenant surgi sur la tribune, dans son dos, lance une grenade et tire au pistolet-mitrailleur sur lui. Le tireur est immédiatement arrêté mais ne dira rien sur ses motivations et ses éventuels commanditaires.

Faut-il voir dans ces exigences les causes de sa mort ? Ils sont nombreux à le penser. «Vingt-cinq ans plus tard, les raisons qui ont motivé cet assassinat politique le plus important dans l’histoire du pays et qui a marqué dans l’inconscient collectif le début de la guerre civile qui durera une décennie restent obscures», écrivait le Middle East Eye.

«Ce jour funeste restera gravé dans ma mémoire et celle de beaucoup d’Algériens qui ont ressenti un immense gâchis, parce que l’espoir qu’a suscité Mohamed Boudiaf venait de s’envoler pour laisser l’Algérie à des lendemains incertains, avec le résultat qu’on connaît : plus de 250.000 morts et des milliers de disparus», disait à Géopolis il y a deux ans Nacer Boudiaf, le fils du président assassiné.

Le moudjahid Mohamed Boudiaf, né le 23 juin 1919 à M’sila, a adhéré au Parti du peuple algérien (PPA) après les massacres du 8 mai 1945, devenant un leader de l’Organisation spéciale (1947-1950). Il est un des six chefs ayant décidé de la lutte armée et du déclenchement de la glorieuse guerre de libération nationale.

Sa mort en direct à la télévision a porté un coup à toute la société qui avait aimé simple qui a payé de sa vie sa « nativité ».  

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