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Travail à domicile: Quand les femmes au foyer se prennent en charge

Dans une société dominée par les hommes, les femmes au foyer tentent de s’imposer, malgré toutes les entraves. Elles s’inventent de petits métiers pour sauvegarder leur dignité. Dans l’ombre, ces braves personnes font des choses merveilleuses.

La femme algérienne a toujours marqué sa forte présence dans notre société, et ce, depuis la nuit des temps, même si on a tendance à minimiser ses contributions. Dans les tâches ménagères, dans le travail agricole, sur le champ de bataille et ailleurs, « la gent  féminine » est omniprésente. Aujourd’hui, les femmes font des études poussées et travaillent dans tous les domaines, autrefois réservés pour les hommes. Cependant, beaucoup d’entre elles restent au foyer, pour des raisons ou d’autres. En plus du travail domestique,  certaines femmes s’inventent des métiers. Dans notre pays,  selon l’office national des statistiques, la population active occupée est estimée à 9 599 000 personnes, soit un taux d’occupation de 26 %. Les femmes constituent 16.3 % de la population occupée totale, atteignant ainsi un effectif de 1 561 000 occupées. Le taux d’emploi (ou ratio emploi population), défini comme étant le rapport de la population occupée à la population âgée de 15 ans et plus est de 36.0 % au niveau national (59.8 % chez les hommes et 11.8 % chez les femmes). De même que le taux d’activité économique, cet indicateur connaît d’importantes disparités selon le niveau d’instruction et l’obtention ou non d’un diplôme ; ces disparités sont nettement plus apparentes auprès des femmes. Alors que le taux d’emploi ne forme que 5.9 % chez les femmes sans diplôme, il atteint 35 % auprès diplômées des instituts et des écoles de la formation professionnelle et plus de la moitié des diplômées de l’université (52.5 %), soit près de 10 fois le taux observé auprès des femmes non diplômé. Ces chiffres indiquent que la plus grande majorité des femmes sont au foyer. Toutefois, cela  ne veut pas dire qu’elles ne travaillent pas, même si les statistiques officielles les négligent. Dans les villes, certaines femmes font les nourrices, les coiffeuses à domicile, les gardes malades et autres métiers. Elles font leur métier chez elles, ou bien elles se déplacent dans les autres demeures, dans le voisinage ou ailleurs. Elles travaillent en noir, mais elles parviennent à aider, économiquement,  leur foyer. Dans certains cas, ces femmes courageuses assument, elles seules, la gestion de leur petite famille ; c’est le cas de certaines  femmes divorcées et des mères célibataires. Dans les villages, la femme s’invente d’autres travaux, à l’instar de la préparation du couscous, la réalisation des gâteaux et bien d’autres tâches. Loin des projecteurs du « dehors », ces personnes font un travail remarquable et gagnent leur vie pour sauvegarder leur dignité et offrir une vie meilleure à leur progéniture. Ces travaux ne sont pas toujours faciles car il faut à la fois assurer le rôle de la mère au foyer et se consacrer à d’autres activités rentables. L’autre problème est comment commercialiser certains produits, une fois élaborés. Grâce à l’aide des enfants ou des proches, ces femmes exemplaires arrivent toujours à trouver le bon moyen. « Je prépare la galette et je la commercialise, auprès des commerçants du quartier. Cette activité me permet d’aider mon mari ; un simple gardien qui peine à joindre les deux bouts », nous dit Na Fatima, une femme pas comme les autres.

Les résistantes de l’ombre      

Nous voyons la femme à la télévision, dans les écoles, dans les universités et dans d’autres secteurs. Elles sont souvent des icônes et des références de réussite. Cependant, beaucoup d’autres femmes sont à la maison. Si certaines d’entre elles sont soumises et acceptent juste de survivre à la marge de la vie, d’autres s’imposent comme de vraies résistantes. Chapeau bas à toutes ses « Reines ».  Opter pour le statut de femme au foyer, c’est également prendre un risque financier et social, en raison de l’augmentation du nombre de divorces et de séparations des couples ainsi que de la difficulté de retourner sur le marché du travail après une longue absence ou après l’âge de 40 ans. Dans ce contexte, peu d’études ont mis en lumière la variété des rapports que les femmes au foyer entretiennent avec le travail. Quand les enfants sont en âge scolaire, et notamment à partir du moment où ils restent à l’école sur le temps de midi, le temps domestique et parental ne « remplit » pas toute la journée des semaines « ordinaires » (c’est-à-dire des semaines sans maladies et sans congés scolaires). Peu à peu, du temps libre se dégage, selon l’engagement de la femme dans les tâches ménagères avec un temps variable accordé au nettoyage, à la préparation des repas et au soin du linge selon les goûts, les compétences et les attentes familiales. Le temps « libre » dépend aussi des autorisations que les femmes se donnent ou non: certaines jugeront par exemple que, étant au foyer, elles ont l’obligation de reprendre leurs enfants à l’école dès la fin des cours, alors que d’autres estimeront qu’une heure ou deux en garderie ou à l’étude ne sera pas préjudiciable à leurs enfants et leur permettra de développer plus d’activités, entre autres : Le travail non déclaré occasionnel ou à faible ampleur.  Un processus d’aller-retour sur le marché du travail déclaré, la création artistique comme le métier à tisser et bien d’autres activités. La femme au foyer mérite tous les encouragements. Dans l’ombre, elle fait des choses exquises, souvent non reconnues par la collectivité.  L’Etat doit considérer le travail que font ces femmes, le valoriser et pourquoi pas le structurer pour qu’il puisse contribuer au développement de l’économie nationale.  

Mieux organiser le travail des femmes au foyer  

Le travail domestique est l’une des « professions » les plus anciennes et les plus importantes pour des millions de femmes partout dans le monde. Dans la société moderne, les soins et services à domicile sont indispensables pour beaucoup de familles ayant assez de contraintes. La demande de ces services ne cesse d’augmenter partout depuis vingt ans, sous l’effet de l’intégration massive des femmes dans la population active, du vieillissement des sociétés, de l’intensification du travail et de l’insuffisance, voire de l’absence de mesures permettant de concilier travail et responsabilités familiales. Aujourd’hui, les travailleurs domestiques représentent une large proportion de la main-d’œuvre, particulièrement dans les pays en développement – et leur effectif augmente- y compris dans le monde industrialisé. Cependant, le travail domestique est sous-évalué et peu réglementé et reste bien souvent synonyme de charge écrasante, sous-payée et ne bénéficiant d’aucune protection. Des cas de mauvais traitements et d’abus, dont sont victimes les femmes qui travaillent comme des gardes malades ou des femmes de ménage à domicile sont signalés dans notre pays. Le travail des femmes au foyer est sous-évalué et souvent effectué de manière informelle et en situation irrégulière. Il n’est pas perçu comme un emploi normal s’inscrivant dans le cadre général de la législation du travail. De ce fait, beaucoup de dispositions légales ne tiennent pas compte de la spécificité du travail domestique, ce qui expose ces travailleurs (ou travailleuses)  à un traitement inéquitable, injuste et souvent abusif.  On considère que les domestiques «font partie de la famille», selon l’expression consacrée. Certes, dans certains pays, il n’est pas rare que les domestiques soient des parents éloignés, souvent des enfants confiés par leurs parents à des membres de la famille plus à l’aise ou mieux éduqués pour qu’ils les prennent en charge et, idéalement, qu’ils les instruisent pour un avenir meilleur. Plus souvent, cette expression sert à affirmer l’existence (supposée) de liens étroits et amicaux entre la famille de l’employeur et le travailleur domestique. Elaborer des normes structurant le travail décent pour les travailleurs domestiques revient à concrétiser les quatre piliers de l’agenda du travail « respectable » : Le développement de l’emploi, les conditions de travail, la protection sociale et les principes des droits fondamentaux au travail. C’est aussi reconnaître tout d’abord que le travail domestique représente à la fois une des principales formes de travail pour les femmes et un moyen pour les travailleurs ayant des responsabilités familiales de prendre une part active au marché du travail. C’est, en outre, reconnaître que laisser cette catégorie de travailleurs isolée et vulnérable en dehors de toute réglementation effective et sans protection sociale a des conséquences morales, y compris le fait de nuire à leur autonomie, leur dignité et leur sécurité. Réglementer leurs conditions de travail et leur assurer une protection sociale, c’est admettre, non seulement, le poids économique des services à la personne dispensés à domicile, mais aussi reconnaître la dignité inhérente de respecter autrui. Sur le plan pratique, un cadre réglementaire fondé sur les droits permettra aux employeurs de déterminer ce qui est «juste» pour les travailleurs domestiques et de repérer d’éventuels facteurs de risques au travail et d’y remédier. La femme au foyer peut travailler en « free-lance » et bénéficier de tous ses droits. Nous devons mieux comprendre la spécificité de ce genre d’emploi pour mieux les structurer. La femme au foyer peut s’épanouir et contribuer au développement économique. Il suffit d’une bonne volonté et d’une stratégie ingénieuse pour accompagner ces personnes. En attendant que ce souhait devienne une réalité, beaucoup de femmes continent de résister face aux problèmes conjugaux, aux contraintes sociales, à la cherté de la vie et bien d’autres entraves. Les jours meilleurs  sont encore lointains

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