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Alger

Bouteflika s’en va presque dans l’anonymat

L’ancien président Abdelaziz Bouteflika a rendu l’âme avant-hier, à l’âge de 84 ans. Son règne, long de vingt années, ne laissera que de mauvais souvenirs chez les Algériens qui ont assisté, notamment à partir de 2013, à la putréfaction du pouvoir et la mainmise de la mafia-politico-financière sur la destinée du pays. Élu président en 1999  dans une élection où il est l’unique candidat après le retrait des autres concurrents, il va rapidement charmer de larges pans de la population  par son art oratoire et ses projets généreux qui ont redonné au pays, pour un bref temps, le goût de vivre après les sombres années du terrorisme.

 S’il avait quitté le pouvoir en 2014, il serait resté, malgré tout, dans la mémoire des Algériens comme l’homme de paix, de la concorde civile et de la réconciliation nationale. Mais attaché à son fauteuil et n’ayant d’oreilles que pour  ses conseillers flatteurs, il se présentera  en 2014 pour un quatrième mandat  où il sera  élu avec plus de 81% des voix, il prêtera serment  d’une voix inaudible et  sur un fauteuil roulant. Ce mandat de trop  va lui ôter totalement  l’estime populaire dont il est entouré  et va plonger le pays dans une instabilité chronique dont nous payons le prix encore aujourd’hui ! 

 Qui aurait cru que celui qui disait que « L’Algérie n’a connu qu’un seul grand homme : l’émir Abelkader. Et moi je lui ressemble un peu » aura un destin aussi  peu envieux. Du sauveur de 1999, il se transforme en 2019, en homme honni que son peuple et l’armée, qui lui avait fait appel   vingt ans plus tôt, le chassent sans ménagement du pouvoir. Triste fin pour un homme que ses partisans destinaient au prix Nobel.  S’il avait su négocier avec l’Histoire, il aurait dû quitter le pouvoir à la fin de son 3e mandat et n’aurait jamais permis à des forces extraconstitutionnelles et à l’argent sale de gérer le pays durant tout son 4e mandat. Que d’argent  et de foncier dilapidés durant ce mandat  qu’il a passé  reclus, aphasique et invisible. Que de décisions dangereuses pour la sécurité du pays , comme celle  de la dissolution du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), ont été prises durant ce 4e mandat où les citoyens désorientés ne parlaient que de la mort du président  et les ministres  n’exerçaient leur mission  que dotés de leur baguette magique : le cadre du président. De Ouajda où il est né en 1937 d’une famille tlemcenienne, Bouteflika  a  fait un long chemin auréolé de plusieurs succès. Mais son obstination à  rester au pouvoir malgré son inaptitude à l’exercer, lui a réservé une fin peu honorable, pour un homme qui a été ministre des affaires étrangères à l’âge de 26 ans !

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