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« Naufrage intégral » des islamistes de la région maghrébo-sahélienne

Fin des idéologies classiques, fin des illusions politiques et rupture avec un passé récent, le champ politique maghrébin est en pleine phase de construction. Exemple le plus récent de cette fin programmée de l’islamisme politique de seconde génération est le « cas » du Parti pour la Justice et le Développement, au Maroc, qui est édifiant à plus d’un titre. Les dernières élections ont vu le parti de Benkirane subir une défaite cinglante qui le place désormais à l’arrière de tous les autres partis marocains. « Un échec spectaculaire, qui a surpris par son ampleur et sa soudaineté. Rarement un parti aura passé de l’exercice du pouvoir au sommet à la quasi-disparition ».

En Algérie, la disqualification des anciens personnels politiques n’a pas encore abouti ; le « hirak » a mis du temps à se former et s’est fait hara-kiri au bout de sa seconde année, incapable de proposer une alternative crédible au blocage qui a suivi le renvoi de la nomenklatura. 

En Tunisie, Ghannouchi qui faisait et défaisait les présidents, observe, sidéré et aphone, la saignée de son parti et les démissions en cascades de ses cadres. De même, en Libye, les islamistes perdent la côte au profit de jeunes ambitieux intégrés dans les milices paramilitaires qui contrôlent les villes. Ni Sadiq Al Ghoriani, ni Ali Salabi, ni encore moins Abdelhakim Belhadj n’ont été pesant sur les événements politiques en 2021. Gros plan sur une mouvance qui « ne vend plus ». 

L’agonie des partis « ikhwan » en Algérie 

Avec 208 471 voix aux législatives de 2021, le MSP semble avoir fait l’essentiel en se plaçant en seconde position derrière le FLN ; mais ce n’est qu’illusion, car il se prévalait avant cette date de plus d’un million d’électeurs. Sur le score obtenu aux législatives de 2021, le MSP, qui se pose en champion de la mouvance islamiste aujourd’hui, peut pavoiser ; mais dans l’absolu, il est en net recul par rapport à ses résultats depuis sa première participation à la présidentielle de 1995, lorsque feu Mahfoud Nahnah. On s’en souvient, après la dissolution du Front islamique du Salut, Nahnah a participé à l’élection présidentielle de 1995, et pris la deuxième place avec environ 3 millions de voix (25 % des suffrages exprimés) selon les résultats officiels, derrière Liamine Zeroual, qui est élu président de la République.  

Depuis 2010, le Msp est en train de péricliter sur tous les plans. La désintégration du parti après la mort de Nahnah a donné naissance à une flopée de partis de même obédience, tous « ikhwaniste » pur jus. Mais les résultats ont été calamiteux. Où sont aujourd’hui les partis créés par les leaders islamistes et qui portaient des noms aussi ronflants qu’Al Islah, Ennahda, FJD Adala, le Front pour une Algérie nouvelle, le Front du changement, le Taj, etc. ? Que deviennent les Boujerra Soltani, Abdelmadjid Menasra, Amar Ghoul, Djamel Benabdeslam, Abdallah Djaballah et consorts après leur rupture avec la branche-mère ? Laminés, usés, coupés de l’électorat, ils n’ont même plus le bagout pour rebondir. D’où leur silence très lourd, et qui ressemble à de la mise à l’écart volontaire. Même le hirak ne les a pas épargnés non plus.

Deux autres partis islamistes (à la source) se sont convertis en copie conforme des partis nationalistes de type FLN et ne peuvent être intégrés aux partis islamistes ; il s’agit de mouvement Harakat el-Binaa, de Abdelkader Bengrina, et du PRA, ex-parti élitistequi se réclamait d’un bennabisme situé pas très loin d’El Bina original. Il semble à bien considérer leurs discours et leurs démarches, qu’ils ont pris aujourd’hui un virage pour s’adosser au nationalisme de type classique, et qui se situe loin de la mouvance islamiste d’obédience ikhwan, dont ils sont tous les deux issus. 

L’autre obédience islamiste qui pèse sur la balance sociale en Algérie, c’est la mouvance salafiste; celle-là est disqualifiée du jeu politique après les dérives de 1991, mais constitue toujours un fonds électoral. Cette présence sociale annexée  à une disqualification politique pose problème. Souvent, depuis au moins une dizaine d’années, la mouvance « ikhwan » essaye de racler chez les salafistes pour grimper dans les scores électoraux. Leur mariage, à différentes escales électorales, n’a pas toujours été une réussite, loin s’en faut, et la rupture a été souvent au rendez-vous, pour plusieurs raisons, dont la plus importante est le lourd contentieux (les comptes n’ont pas été réglés à ce jour entre l’ex-Fis et l’ex-Hams, devenu Msp) qui existe entre les salafistes et les « ikhwan ».

Lutte de leadership, rivalités idéologiques et attraction du pouvoir 

Si on prend en ligne de compte les dernières élections en Algérie, tant présidentielle que législatives et communales, on peut en faire ressortir le fait qu’il n’y a pas eu d’alliance islamiste. Tous les partis “verts” y ont participé, mais en rangs dispersés. Le bloc monolithique, l’union sacrée et l’Alliance verte, c’est du passé.

C’est ce qui ressort encore, c’est que politiquement, est en plein dans le “ikhwanisme”, si l’on peut s’exprimer de la sorte, et pas du tout dans le salafisme, les différences sur le plan politique,  idéologique et hiératique étant de taille. Toutes les “têtes d’affiche”, Abderezak Makri (Msp), Abdelkader Bengrina (El Binaa), Abdallah Djaballah (Front de la justice et du développement, El-Adala), Abdelmadjid Menasra, Djamal Benabdeslam (Front de l’Algérie nouvelle), Filali Ghouini (Mouvement El-Islah), Yazid Benaïcha (Ennahda), etc. sont des émules de Mahfoud Nahnah, c’est-à-dire des anciens du Hamas pur jus. Même le parti Taj se situe d’ailleurs dans la même trajectoire, avec un virage entamé du temps de Amar Ghoul vers le nationalisme type Fln et Rnd. La précision permet de les situer sur le plan politique déjà.

La dernière réunion du Msp avec certains chefs de partis de la même obédience n’avait pas permis de ressouder le bloc. La fracture est importante, les préjudices irréversibles et le divorce totale. Même au sein même du Msp, qui représente le dernier îlot de l’islamiste politique institutionnel les divergences sont grands grandes pour être occultées. L’antagonisme Makri-Soltani a été mortel pour le parti. Et les tentatives de reconstituer des familles proches, comme pour la fusion Makri-Menasra, n’ont donné des résultats notables. De même, Bengrina est perçu par le Msp comme un parti qui parasite les islamistes et qui fait la promotion des gouvernements successifs, un peu plus que de mesure. Djaballah, pour ceux qui le connaissent depuis Ennahda, puis Al Islah, est intraitable concernant le rôle locomotive qu’il se cherche au sein de la mouvance islamiste. Intraitable aussi Makri quant à une réconciliation avec Boujerra Soltani. La fracture est trop grande entre les deux et le mal irrévocable. 

Introuvable réconciliation des chefs islamistes? Oui, il serait juste de le croire. D’autant que pour tous ces chefs, la participation aux élections et l’espoir de se placer en pôle position dans l’échiquier national à un moment où la reconfiguration politique et la disqualification des anciens personnels politiques laissent penser que leurs chances seront insignifiantes.

Au Maroc, le PJD paie pour ses « compromissions mortelles » avec le Palais    

Au Maroc, le flop a été total et le choc trop brutal pour être un simple accident politique. Selon Jacob Cohen, juif antisioniste et grand connaisseur de la politique marocaine,  « les dernières élections ont vu le parti dominant subir une défaite cinglante et être relégué loin derrière les autres partis. Ce qui peut sembler un phénomène relativement rare mais classique prend ici d’autres significations et même au-delà des frontières. Le Parti pour la Justice et le Développement, que l’on qualifie habituellement d’islamiste, a subi un échec spectaculaire, qui a surpris par son ampleur et sa soudaineté. Rarement un parti aura passé de l’exercice du pouvoir au sommet à la quasi-disparition ».

Pour Cohen, les raisons sont à chercher dans les « compromissions mortelles » des islamistes marocains avec le palais royal : « Le PJD paie ainsi son aveuglement face à la réalité du pouvoir marocain, son louvoiement constant entre le respect de ses principes et les nécessaires compromissions, son refus de trancher dans les moments décisifs. Dès son lancement, le parti avait connu une vague de sympathie impressionnante. On sortait de décennies d’immobilisme politique, avec les mêmes acteurs qui se soumettaient au bon vouloir du Souverain. La corruption et la gabegie régnaient partout. Le vernis libéral était un leurre savamment entretenu grâce à la complaisance étrangère.

« Le peuple marocain fantasmait sur un renouveau improbable. Et puis est venu ce parti avec des idéaux qui lui parlaient, des gens hors du système, qui promettaient la moralisation de la vie politique avec une référence marquée pour la religion. Ce dernier point avait son importance. Le Maroc se prétendait certes un pays musulman, avec des cérémonies religieuses officielles, par exemple les causeries du Ramadan présidées par le Roi, mais peu étaient dupes du double discours et des pratiques sur le terrain. Rappelons pour mémoire la construction de la grande mosquée saoudienne et des institutions culturelles y attenantes sur la Corniche de Casablanca, censée faire oublier des excentricités peu compatibles avec l’Islam des visiteurs du Golfe.

« C’est dire si l’apparition du PJD avait suscité de grandes espérances, et ses références à l’islam n’étaient pas pour déplaire. La société marocaine est majoritairement attachée aux valeurs traditionnelles. C’était aussi l’époque où dans le monde arabe on espérait trouver dans l’islam politique une issue naturelle après l’échec de toutes les idéologies importées et une corruption endémique qui leur était imputée. Un gouvernement dirigé par des pratiquants sincères ne pouvait que défendre les intérêts fondamentaux du peuple. Et ce d’autant que le PJD ne se présentait pas comme le parti qui voulait imposer une tyrannie intégriste. Beaucoup de Marocains, modernistes par essence et par culture, n’auraient pas vu d’un mauvais œil un « assainissement » indispensable que seul ce parti pouvait réaliser.

« Au final, si on juge un arbre à ses fruits, le PJD aura totalement échoué. On peut même dire qu’il est tombé dans le piège royal avec une facilité consternante. Il a joué son rôle historique voulu par le Roi avant de prendre la sortie, une sortie probablement définitive et sans honneur. Son désaveu aura montré à la population que la politique est décidément chose sérieuse que l’on ne peut confier à quelques idéalistes dépassés par l’Histoire, et que la morale religieuse n’a rien à voir dans la conduite d’un pays. Les Marocains auront bien appris la leçon puisqu’ils ont conduit à la tête du gouvernement un homme d’affaires accompli, un businessman ouvert à l’international ». 

Pour le PJD, la pratique du pouvoir lui aura été fatale. Le parti islamiste du PJD, à la tête du gouvernement marocain depuis le « Printemps arabe »’, a subi une spectaculaire déroute, laminé par les partis libéraux proches du palais royal, lors des élections législatives dans le royaume chérifien. Ainsi, le PJD de Saad Eddine El Othmani est arrivé loin derrière ses principaux rivaux, le Rassemblement national des indépendants (RNI), drivé par le richissime Aziz Akhanouch, le Parti Authenticité et Modernité (PAM), qui avait proposé en 2016 la légalisation de la culture du cannabis dans le nord, et le Parti de l’Istiqlal (centre-droit), avec respectivement 97, 82 et 78 (sur 395) députés.

Alors, la fin du PJD ? Peut-être ; mais comme dans tous les pays du Maghreb, l’islamisme se régénère sans cesse, au gré des conjonctures régionales et internationales ; de ce fait, il est fort attendu qu’un autre parti, à construire, prenne la relève de ce parti qui est arrivé au terme de sa période de validation. 

Tunisie : une centaine de membres du parti Ennahda démissionnent

Si on observe d’en haut le parti tunisien dominant depuis des années, Ennahda, on peut en tirer déjà une conclusion sans équivoque : le parti est arrivé à la limite d’âge, au-delà de laquelle on tourne en rond, en fait du sur place et on recule inéluctablement. Comme pour Rached Ghannouchi, élu en 2019 « Président de l’Assemblée des élus du peuple », et qui vient de boucler sa 80e année, le parti Ennahda a vieilli et ne semble plus en mesure de proposer l’alternative crédible. 

En l’éjectant, même anti-démocratiquement, le président tunisien Kaïs Essaïed, sait de quoi il retourne. Ennahda ne semble plus en mesure de riposter politiquement de manière efficace. Depuis plus d’un mois, observant la prise en main forte de tous les leviers du pouvoir par Essaïed, Ennahda joue le temps et l’usure pour continuer d’exister ; mais pour les plus avertis, il est évident que le parti islamiste aura fait son temps. 

Aujourd’hui, les prémisses de la lente désintégration sont là : plus d’une centaine de cadres du parti islamiste tunisien Ennahda (113 cadres exactement), dont des députés et d’anciens ministres, ont démissionné pour protester contre la direction de leur formation traversée par des divisions.

Ennahda, premier parti au Parlement, est plongé dans la crise en raison de sa réaction à la décision du président tunisien Kais Saïed de limoger le gouvernement et de suspendre le parlement le 25 juillet, ce que l’opposition a qualifié de coup d’Etat.

Dans un communiqué, 113 membres du parti ont annoncé leur démission en raison, ont-ils dit, des mauvais choix d’Ennahda qui ont conduit à son isolement et à l’échec de la constitution d’un front uni pour contester les décisions de Kais Saied. Parmi les démissionnaires, figurent huit députés et plusieurs anciens ministres dont l’ancien ministre de la Santé, Abdellatif Mekki.

« Je suis profondément triste (…) mais je n’ai pas le choix après avoir essayé pendant longtemps, particulièrement ces derniers mois. J’assume la responsabilité de cette décision que j’ai prise pour mon pays », a expliqué Abdellatif Mekki sur Facebook.

Depuis la crise politique ouverte par les décisions de Kais Saied il y a deux mois, des cadres d’Ennahda ont demandé que leur dirigeant Rached Ghannouchi, par ailleurs président du parlement, démissionne. Le responsable politique a limogé le comité exécutif du parti le mois dernier pour tenter d’apaiser les critiques à son encontre.

Ennahda est la formation politique la plus puissante en Tunisie depuis la révolution de 2011 qui a conduit au départ de son président de longue date, jouant un rôle clef en apportant son soutien aux coalitions gouvernementales successives. Mais la formation a perdu de sa popularité face à la stagnation de l’économie et l’érosion des services publics.

En Libye, les islamistes se mettent à l’ombre des puissances

Depuis la mise à mort du Guide Kadhafi, en Libye, on ne peut pas parler sérieusement d’islamistes ou de partis islamistes. Aujourd’hui, l’allégeance faite par les madkhalis à Haftar résume toute cette désintégration de l’islamisme politique qui émergeait de la tête aux premiers mois du Printemps arabe à Tripoli. 

Les « têtes d’affiche » qui avaient pris le devant de la scène depuis 2011 ont échoué les uns après les autres ; on pense notamment à Sadiq Al Ghoriani, Ali Salabi et Abdelhakim Belhadj, qui se sont mis sous l’ombre de Qatar, aux « madkhaliya » et aux « jamiyyas » proches du wahhabisme et qui se sont mis en rangs serrés sous le drapeau du maréchal Khalifa Haftar. On ne parlera pas des ultras qui ont pris le maquis et servent l’Etat islamique « Daesh » ou Al Qaïda, ceux-là ne sont pas notre propos. 

Nous avons donc, les partis ikhwan qui se mettent sous le label qatari tout en gardant une proximité avec la Confrérie égyptienne, et donc, anti-Sissi ; les madkhalis sous l’égide de l’Arabie Saoudite ; les radicaux sous le drapeau du djihad ; de sorte que nous n’avons que  que peu de chances d’avoir des espaces pour les partis véritablement  politiques qui ont quelque chose de « politiquement correct » à proposer au peuple libyen. 

En Mauritanie et au Mali, l’islamiste périclite

Pays à forts relents islamistes, berceau des Almoradives, la Mauritanie a réprimé au début de l’été ses islamistes. A l’appel de petits partis islamistes, des milliers de personnes avaient manifesté à la sortie des mosquées pour condamner la recrudescence des meurtres, des vols et des viols enregistrés ces derniers mois dans le pays, notamment dans la capitale Nouakchott. Profitant de l’occasion, les manifestants ont réclamé l’application de la charia, la loi islamique, contre les auteurs de ces crimes. Après avoir marché de la grande mosquée jusqu’au centre-ville, ils ont été violemment dispersés par la police anti-émeute qui a fait usage de gaz lacrymogène.

Sur le plan politique le parti islamiste Tawassoul fait de son mieux pour survivre. Récemment, alors que l’Assemblée nationale a approuvé un rapport de la commission d’enquête parlementaire sur la gestion de l’ex-président Mohamed Ould Abdel Aziz, les regards sont désormais tournés vers la justice et la longue liste d’accusations de détournement, corruption, entre autres par l’ancien président et des personnalités de son régime. Le parti islamiste Tawassoul s’est distingué notamment en disant craindre que ce rapport « ait le même sort que d’autres ». C’est peu, mais c’est tout ce qu’il y a à mettre sous la dent. D’autant que les ultras des islamistes mauritaniens ont surtout émergé à l’international, prenant des postes de commandement dans des groupes comme « Nosrat al islam », au Mali, à Al Qaïda, etc. eu égard à la grande valeur intellectuelle des jeunes mauritaniens, rompus aux sciences théologiques et littéraires depuis Abdallah Ibn Yacine. 

La neutralisation de centaines de djihadistes mauritaniens après les événements du 11/9 a été un élément décisif dans le rabougrissement de l’islamisme politique dans le pays de Chenguit. Les révisions théologiques et le rôle intellectuel phare de Cheikh Mohamed El Hassan Ould Dedew a ramené les jeunes et les partis politiques à plus de circonspection concernant la pratique politique et le pouvoir. 

Exemple parfait de ce naufrage général, au Mali, l’aura de l’imam Mahmoud Dicko est en train de se dégrader. Après avoir été le héros et le gourou de la contestation populaire et partisane qui a mené à la chute d’IBK, l’imam s’est retrouvé face au peuple, au premier plan. Mais pas pour longtemps. 

Figure de proue du Mali, l’Imam Mahmoud Dicko est aujourd’hui désavoué par bon nombre de Maliens. Cause :   son mutisme face aux sinistrés de la désobéissance civile qui ont risqué leur vie en son nom. La lenteur dans la diligence des tueries du 10-11 et 12 juillet 2020 a joué contre lui.

En guise de conclusion

Il serait toutefois puéril d’enterrer l’islamisme dans la région maghrébine et saharienne ; son enracinement social lui permet régénérescence et vitalité. C’est un combustible en état latent ; pour peu que des conjonctures particulières viennent le réveiller il est debout. D’où le souci pour les gouvernements locaux de savoir mettent les balises entre le constitutionnel et l’insurrectionnel, le modéré et le radical. Et c’est là un gros travail déjà. Pour le moment, les circonstances locales, régionales et internationales, conjugués à la pandémie planétaire, qui a abouti à une crise sanitaire, puis à une crise économique, puis, enfin, à une crise sociale, ont fait que le citoyen du Maghreb et du sahel cherche du concret pour échapper à un étau qui menace de l’étrangler. Aussi, le discours islamiste actuel est plus prompt à la riposte, à trouver, ou pour le moins proposer des solutions sérieuses à un quotidien de plus en plus difficile. Ce qui le rend d’un côté, plus vraisemblable, mais, qui, paradoxalement, lui ôte toute la magie qui avait caractérisé le discours islamiste racoleur qui s’adossait sur des repères doctrinaux et historiques qui savaient transcender le temps et capter les foules. 

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