Il serait puéril et vain à la fois de s’attendre à un accès sans réserve aux archives de la guerre d’Algérie. Si le pas fait par le président français permet une satisfaction mesurée, car c’est toujours une bataille de gagnée, beaucoup reste à faire pour avoir un accès sérieux et sans limites aux archives de guerre, dont certaines pièces sont considérées par l’Etat français comme « top secret », ou relevant du « secret d’Etat ».
La loi française du 25 juillet 1794 proclamait que tout citoyen devait pouvoir être informé de ce qui avait été fait en son nom. Comme pour toutes les grandes affaires d’Etat, ce principe « des Lumières » reste chimérique quant la raison d’État ne s’en accommode pas.
Une preuve claire a été donnée récemment à la veuve de Maurice Audin et aux chercheurs algériens qui souhaitaient en savoir plus sur les militants FLN jetés dans la Seine. La disparition du militant de l’indépendance algérienne Maurice Audin et la répression meurtrière de la manifestation parisienne du 17 octobre 1961 à l’appel du Front de libération nationale (FLN) constituent deux cas emblématiques d’une rétention à bas bruit des archives. Dans le premier, comme dans le second cas, les recherches se sont brisées net sur le très lourd coffre-fort du secret d’Etat.