A des degrés divers, les Etats du Maghreb sont encore à la recherche d’indices « probants et concordants », pour se faire une idée cohérente de la politique que l’Administration Biden serait en train de réserver à la région délaissée par Donald Trump. Une région confrontée à des crises qui la fragilisent mais qui représente une belle opportunité pour le nouveau locataire de la Maison Blanche de réaffirmer le leadership américain et de faire face sérieusement à la Russie et à la Chine mais aussi à la Turquie. On lui prête l’intention de poursuivre le travail démarré par Barack Obama et mis en suspens par l’administration Trump.
Mais ce qui est pour l’heure clairement constatable, c’est un chassé-croisé militaro-sécuritaire associant de hauts responsables du Pentagone à la préparation des futures stratégies américaines dans la région. Ils sillonnent les pays d’Afrique du Nord et de la région du Golfe afin d’actualiser leur point de vue sur les réalités du terrain et de contribuer à façonner la vision du président Joe Biden pour la promotion des intérêts américains dans la région.
En s’entretenant avec les dirigeants et leurs homologues militaires dans les pays de la région, ils cherchent à déterminer les orientations politico-militaires que les États-Unis doivent suivre pour relever les défis auxquels sont confrontés leur commandement militaire en Afrique (AFRICOM) et les forces du Commandement central américain (CENTCOM) dans leurs zones d’opérations.
Dernièrement, Christopher Cavoli, commandant de l’armée américaine en Europe et en Afrique, et le général de division Andrew Rohling, chef de la Task Force Europe du Sud, étaient en Tunisie, confirmant l’intérêt de l’administration Biden de revoir le stationnement des forces américaines en Afrique du Nord, une zone stratégique reliant le continent africain à l’Europe à partir de laquelle les États-Unis peuvent poursuivre leur lutte contre les activités terroristes dans le Sahel et les pays subsahariens.
Le nouvel agenda de Biden
D’après les experts américains, l’administration Biden pourrait être disposée à renforcer son soutien à la transition démocratique de la Tunisie dans le cadre de plans de soutien à la démocratie et aux droits de l’homme dans la région, alors qu’elle est aux prises avec une grave crise économique dont certains observateurs craignent qu’elle ne menace sa transition démocratique, avec une économie qui s’est contractée de 8,8 %, un chiffre sans précédent.
Un certain nombre d’analystes arabes craignent que le nouveau programme Biden de promotion de la démocratie et des droits de l’homme ne conduise à une reprise du bouleversement du « Printemps arabe », largement considéré comme ayant apporté le chaos et des conflits violents et ouvert la voie à la croissance du djihadisme dans la région.
Les relations des États-Unis avec la Tunisie, le Maroc et l’Algérie ont acquis une importance particulière pour Washington depuis que la Russie a introduit des équipements militaires avancés en Libye, l’année dernière, notamment des avions de combat et des systèmes de défense aérienne et de radar, et a sécurisé des emplacements stratégiques près des puits de pétrole.
L’instabilité politique et les bouleversements sociaux pourraient menacer la stabilité de la région du Maghreb et y intensifier les menaces pour la sécurité, d’autant plus que la situation en Libye est encore précaire.