L’État algérien ne se départira pas de son caractère social. C’est le Premier ministre, ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane qui le dit devant les députés qui l’ont vivement interpellé sur le très sensible dossier des subventions et des aides sociales.
Dissipant les craintes et les malentendus suscités par le projet de loi de finances sur le sujet, le premier ministre a réaffirmé que l’État algérien ne renoncera pas à sa traditionnelle politique sociale et ne délaissera pas les larges couches de la population qui ont toujours besoin du soutien de l’État. Ce qui va, toutefois, changer, c’est le caractère des subventions. De généralisées elles deviendront désormais ciblées et elles se feront par le biais d’une compensation monétaire au seul profit des ménages éligibles à ces aides.
C’est décidé, l’État ne continuera plus dans l’ancienne politique de subventions qui profite à des indus bénéficiaires et qui grève dangereusement le budget de l’État. Selon le Premier ministre, dix mille milliards de subventions vont chaque année dans les poches des riches. Et ce n’est pas tout ! Une bonne partie des produits subventionnés en Algérie, comme le lait, le sucre, la farine, la semoule, l’huile de table… se retrouvent dans les marchés du Mali, du Maroc, de la Maurétanie et du Niger.
Comme quoi nos subventions profitent à tout le monde sauf à leurs vrais destinataires. Ce qui est inadmissible et insensé ! Si l’État a décidé de ne pas renoncer à son rôle social, il a décidé également d’en finir avec ces subventions qui ont plus profité aux riches et aux contrebandiers qu’à ceux auxquels elles étaient réellement destinées.
« Les subventions, dont la valeur s’élève à 17 milliards de dollars, ne profiteront plus aux indus bénéficiaires et autres intermédiaires qui ont saigné l’économie nationale » a affirmé le Premier ministre dans son intervention devant les députés. Dorénavant les transferts sociaux ne se feront plus à tout venant et seront soumis à des modalités de ciblage qui donneront son véritable sens au caractère social de l’État.
Depuis des années des experts ont plaidé pour la subvention de la production et non de la consommation, pour des aides directes au profit des couches défavorisées au lieu du soutien aveugle des prix, mais l’État par paresse ou par crainte d’agitation sociale, a préféré continuer dans sa politique de subvention généralisée qu’on sait pourtant injuste et préjudiciable pour l’économie nationale. Maintenant que le mal de ces subventions dont seul tirent profit les riches et les pays qui nous entourent est largement connu, il n’est plus permis de les maintenir ! Quand on sait par exemple que l’économie de la région du Maroc oriental dépend essentiellement de la contrebande à partir de l’Algérie, on comprend l’urgence de mettre rapidement fin à cette politique de « produits subventionnés » qui est carrément antinationale !