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Alger

Le blé de la dépendance

Depuis l’époque de la fameuse révolution agraire, les Algériens ont été gavés jusqu’à la nausée de discours sur le développement du secteur agricole et sur l’autosuffisance alimentaire. Que constate-t-on aujourd’hui ? Plus de 150 000 hectares de terre agricole ont été détournées de leur vocation et livrées au béton et l’on continue à importer en grandes quantités du blé et autres produits agricoles auprès des pays dont la superficie ne dépassent même pas les ¼ de la superficie du territoire algérien.

C’est un non-sens, une aberration, pis que ça ! C’est une hérésie qui montre l’immensité des mauvais choix et de la gouvernance aléatoire du pays durant ces quarante dernières années. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a annoncé que les importations algériennes vont augmenter de 25% cette année par rapport à l’année passé, comme quoi, le plat de l’algérien dépendra encore et encore de l’étranger.  

Jusqu’à quand ? Le fait qu’on ait installé en juillet passé six groupes de travail à l’effet de se pencher sur l’identification des zones potentielles de production des blés, sur la production des semences et sur le dispositif de soutien et d’accompagnement des agriculteurs et des investisseurs est suffisant pour comprendre que beaucoup reste affaire pour assurer réellement notre sécurité alimentaire. 

En raison de la sécheresse et du fait du caractère pluvial de notre céréaliculture, notre production en céréales en 2021 est inférieure à 4 millions de tonnes; en conséquence l’Algérie, comme le prévoient les rapports FAO et l’USDA, devra importer plus de 7 millions de tonnes pour la campagne 2021/2022.

Les gros exportateurs de blé se bousculent déjà au portillon du pays pour arracher le marché algérien. Et pourtant, il y a quelque vingt siècles de cela l’Algérie nourrissait Rome. Maintenant, elle n’arrive même pas à nourrir les siens et s’affiche au peloton de tête des plus gros importateurs de blé au monde.

D’Amérique, de France, de Russie et d’ailleurs, l’Algérie importe bon an, mal an, pour plus d’un milliard de dollars de blé. Ainsi, la rhétorique et les promesses des différents responsables politiques depuis plusieurs années relatives au lancement de programmes ambitieux d’autosuffisance alimentaire et de diversification de l’économie nationale n’ont finalement rien donné, hormis de la pomme de terre à 150 dinars le kilo, du poulet et du poisson à des prix assommants. Notre économie, en dépit des ajustements effectués et des milliards de dollars dépensés, reste toujours quoiqu’on dise tributaire du baril de pétrole. Un baril à 30 dollars, et c’est la ruine du pays. Et l’on s’offre encore le luxe de retarder l’échéance d’un véritable changement du cap économique du pays. 

Pour éviter de vivre des situations de turbulences financières et sociales, il urge de développer sérieusement et de façon durable le secteur agricole,  secteur qui peut nous mettre à l’abri de bien des surprises à l’avenir.

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